C’est une bataille féroce que vont se livrer, au cours du premier trimestre de cette année, agriculteurs et défenseurs de l’environnement. Objet ? Définir la carte des cours d’eau du département du Rhône (et, par conséquent, de la région, les rivières s’arrêtant rarement aux frontières administratives…) afin de déterminer les secteurs où proscrire l’épandage de pesticides. Enjeu ? La pollution des ruisseaux, rivières et fleuve du territoire. Et dans le rôle de l’arbitre : la préfecture, bien peu diserte sur le sujet [lire l’encadré En coulisses].
Tout commence en 2017. Cette année‐là, la loi transfère aux préfets le soin de fixer les périmètres de protection autour des cours d’eau – désignés dans le jargon comme des « Zones de non traitement » ou « ZNT ». C’était jusqu’alors le ministère de l’Agriculture qui s’y collait. Dans le Rhône, comme dans le reste de la France, le représentant de l’Etat prend un arrêté le 4 mai 2017, valable dix ans. Il détermine ces fameuses ZNT, des bandes enherbées de cinq mètres de large minimum. Elles permettent de sauvegarder les espèces les plus sensibles comme les poissons qui ont l’habitude de se reproduire dans les estuaires. « Car les pesticides tuent les œufs et les alevins », souligne Eric Feraille, président de France nature environnement Auvergne‐Rhône‐Alpes (FNE Aura). En 2019, selon la préfecture du Rhône, le département comptait ainsi plus de 4130 kilomètres de cours d’eau.
Problème : de nombreux rus et ruisseaux manqueraient à l’appel selon FNE Aura. Sans compter des mares, étangs, zones humides et autres sites classés Natura 2000. Pire, Auvergne‐Rhône‐Alpes est la seule région de France où