Derrière le succès de l’empire Vatel, l’exploitation des étudiants en hôtellerie

Numéro un mondial de l’enseignement hôtelier, le groupe lyonnais de la famille Sebban a construit une partie de son succès sur le travail bénévole de ses étudiants. Une main d’œuvre gratuite utilisée dans des entreprises ou des événements privés du clan familial.

Vatel
Le groupe Vatel est l'un des leaders mondiaux de l'enseignement hôtelier. Illustration : Jean-Paul Van Der Elst.

Pas de répit. Dix‐neuf heures, près de Perrache, une vingtaine d’étudiants de la prestigieuse école hôtelière Vatel s’affairent dans le restaurant d’application lyonnais. Sourires figés, tenue impeccable, chaussures cirées, chaque détail est soigné pour un service haut de gamme. Une image d’excellence à la française, que la communication du groupe lyonnais entretient à la perfection. Dernier coup de com’ en date : la publication d’un publi‐reportage de quatre pages dans Le Progrès du 14 janvier, puis de deux articles louangeurs dans Les Echos vantant la success‐story du groupe.

Mais l’arrière-cuisine du système Vatel est moins idyllique qu’elle n’y paraît. Il faut dire qu’Alain Sebban, son président‐fondateur, n’aime pas voir l’image de son école écornée. En quarante ans d’existence, l’unique critique du groupe émise par un syndicaliste dans les colonnes de Midi Libre a débouché, en 2009, sur un procès en diffamation, qui s’est soldé par la relaxe de l’accusé. Bienvenue chez Vatel.
Travail non‐rémunéré : la touche Vatel
Spécialisée dans la formation des cadres de l’hôtellerie et du tourisme, l’entreprise lyonnaise occupe la place de leader mondial du secteur avec plus de 50 campus dans le monde, 9 000 étudiants et un réseau de plus de 35 000 “vatéliens” diplômés. Le groupe Vatel, c’est aussi un chiffre d’affaires estimé à plus de 26 millions d’euros en 2018, dont presque 4 millions d’euros de bénéfices engrangés en grande partie grâce à son système d’écoles franchisées tout autour du globe, de l’île Maurice au Rwanda, de Bordeaux au Kazakhstan. 

Au‐delà de l’école qui lui a forgé un nom, Alain Sebban est un acteur incontournable du microcosme lyonnais. Au sein de la communauté juive, il occupe le poste de président du consistoire régional et celui de vice‐président du Keren Hayessod France, l’organe le plus important de collecte de fonds pour le développement d’Israël.

Autour de celui que l’on surnomme le “Napoléon de l’enseignement”, la garde rapprochée assure la gouvernance de l’empire familial. Sa fille, Karine Benzazon, est chargée des établissements de Lyon et Nîmes, son fils, Dov Sebban, dirige les écoles de Bruxelles et Paris. Son gendre et son neveu ont, eux aussi, occupé une …

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Par Paul Maréchal, Lionel Brossard et Mattéo Tiberghien

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