« Être confiné dans un HLM, ça va être dur sur le long terme, lâche Rayane, 18 ans. On n’a même pas d’extérieur pour sortir se défouler… » Pour lui comme pour ses camarades du quartier des Minguettes, à Vénissieux, il n’a jamais été question de partir se mettre au vert, à la campagne, avant le confinement général. Les plus chanceux disposent d’un balcon et de la vue sur quelques arbres depuis la fenêtre. Le confort s’arrête là pour les habitants des tours de cette banlieue lyonnaise qui s’entassent, au fur et à mesure que les familles s’agrandissent, dans des logements sociaux vite trop petits.
A Vénissieux, comme à Vaulx‐en‐Velin, la majorité des immeubles ont été construits entre les années 1950 et 1970, selon les chiffres de l’Insee. En 2016, le nombre moyen de pièces était de 3,3 par appartement. Or, dans ces deux communes, dans plus de 40% des ménages, on compte au moins deux enfants. Dans ces conditions, le confinement s’avère synonyme de promiscuité, de tensions, de révisions impossibles et d’ennui.
Se serrer à cinq dans un T3
Rayane est confiné avec ses parents et sa sœur. Depuis son lit, le jeune homme passe ses journées à suivre l’actualité. Quand il est tombé sur le premier épisode du journal de confinement de la romancière Leïla Slimani, publié par Le Monde, il a serré les dents. Le texte, aux airs de chronique champêtre de la bourgeoisie parisienne, ne passe pas. « J’ai ressenti de la haine, ça m’a pris aux tripes. Je trouve ça débile d’écrire des choses comme ça. Ils veulent montrer qu’ils sont supérieurs avec leur maison à la campagne, leurs enfants trop bien à qui ils font cours… Ils nous disent : “Et vous, restez en ville avec votre corona !”. C’est vraiment petit et mesquin », s’énerve-t-il. « Moi, si j’avais les moyens, je vendrais ma maison de campagne et je donnerais l’argent aux …