De mémoire de professionnels de l’urgence sociale, on n’avait jamais vu ça. Sauf peut‐être en 1999, quand 650 réfugiés kosovars fuyant les combats avaient été pris en charge dès leur arrivée à l’aéroport de Lyon. L’accueil, spectaculaire, avait marqué les esprits. Mais depuis, rien de comparable. Jusqu’à une autre « guerre » – sanitaire celle‐ci, vingt ans plus tard. Et un nouveau miracle : près de 540 nouvelles places d’hébergement d’urgence créées en à peine deux semaines dans la Métropole pour mettre à l’abri des personnes SDF de l’agglomération. Une prouesse, quand on sait que le nombre total de places ouvertes cette année dans le cadre du “plan froid” était d’un peu plus de 900.
« En trente ans de métier, c’est sans doute l’un des moments les plus étonnants que j’aie vécus, celui d’une crise totale doublée d’une mobilisation sans précédent », résume Pierre Mercier, le directeur de l’association Le Mas (Mouvement d’action sociale), l’un des principaux acteurs lyonnais du secteur. Certains se prennent même à rêver d’un « monde d’après » capable de faire face plus durablement au sujet de l’hébergement d’urgence. A l’image du président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld, qui a annoncé début mai un plan « zéro retour à la rue » à l’issue de la trêve hivernale, prolongée jusqu’au 10 juillet [lire plus bas].
« On a visité le site un vendredi. Le lundi suivant on ouvrait »
Retour en mars. Les grandes manœuvres commencent dès le début du confinement, sous l’impulsion des pouvoirs publics. Avec un mot d’ordre : mettre à l’abri le maximum de personnes à la rue. Pas seulement parce que ce public est particulièrement exposé à la crise qui se dessine [(re)lire notre article du 20 mars : « A Lyon, les SDF, derniers de cordée d’une ville en confinement »], mais aussi pour éviter que les squats ne se transforment en « clusters » et les SDF en vecteurs de l’épidémie.
Ouvertures express
Très rapidement, les services de l’Etat demandent à la Croix‐Rouge de créer deux centres dits « de desserrement », destinés aux sans‐abri testés positifs au coronavirus. Une centaine de places sont ouvertes dans la foulée dans un ancien Ehpad du groupement hospitalier Nord à Belleville‐sur‐Saône et dans l’internat d’un lycée de la Région, à Saint‐Genis‐Laval. Au total une cinquantaine de personnes y ont été accueillies pendant la durée du confinement, précise …