La très grande majorité des 13 000 éleveurs français qui lui vendent leur lait l’ignorent sans doute : Lactalis ne s’enrichit pas seulement avec ses camemberts Président et ses bouteilles Lactel. Le numéro 1 mondial des produits laitiers, au cœur du scandale des salmonelles depuis la fin du mois de décembre, a bâti un savant et lucratif montage de sociétés discrètement réparties entre la Belgique et le Luxembourg. Pour des raisons fiscales, mais pas que… Mediacités s’est plongé dans les rapports financiers de ces boîtes noires, où l’on jongle avec les milliards d’euros. On y découvre le laitier de Laval (en Mayenne) en orfèvre de la haute‐finance mondiale.
Le 12 janvier dernier, Mediacités vous racontait comment Lactalis avait domicilié en Belgique une holding du nom de B.S.A. International (le « B » faisant référence à Besnier, le patronyme des patrons du groupe de père en fils). Dans le royaume voisin, cette société qui contrôle 57 filiales, permet à l’industriel de réduire son imposition sur les bénéfices qu’il réalise un peu partout dans le monde. Le secret ? Une disposition du droit fiscal belge qu’on appelle « les intérêts notionnels ». En 2016, B.S.A. International aurait payé 9,7 millions d’euros si elle était française. Comme elle est belge, elle peut faire jouer ces fameux intérêts notionnels et ramener sa facture à 3,2 millions d’euros. Economie théorique réalisée par Lactalis : 6,5 millions d’euros.