« Le gouvernement nous a laissé la Zad, nous, ce qu’on voulait, c’était la métropole », scande, bravache, une petite foule de manifestants, compacte et déterminée, en avançant sur le cours des 50‐Otages. Nous sommes le mercredi 17 janvier 2018 au soir. L’annonce de l’enterrement définitif du projet d’aéroport du Grand Ouest est tombée le matin même de la bouche du Premier ministre et le pavé nantais se fait l’écho de la grande fête qui bat alors son plein au cœur du bocage, à une vingtaine de kilomètres de là.
Nantes et la Zad, la Zad et Nantes… En une dizaine d’années de lutte et d’occupations, des liens étroits se sont tissés entre la ville et les terres agricoles un temps promises au béton. « Nantes est la base arrière de la Zad et la Zad est la base arrière de Nantes », résume la sociologue Sylvaine Bulle, spécialiste de la violence politique et des contestations radicales. À mesure que la contestation s’enracinait à Notre‐Dame‐des‐Landes, les 1800 hectares de terrain ont fini par constituer un « connecteur de luttes, une sorte de grand échangeur », estime la chercheuse au CNRS.
Devenu le symbole d’une lutte globale contre les dérives du libéralisme, de l’Etat policier et de l’agriculture intensive, NDDL a brassé large, se transformant en point de passage et lieu de rassemblement des « anti » de tous bords. Une « nébuleuse d’ultra‐gauche » comme ont coutume de l’appeler les forces de l’ordre, parmi lesquels une partie d’autonomes résolus, anti‐autoritaires, anarchistes, militants en quête d’émancipation par rapport à l’État, au patronat ou toute forme d’autorité.