Dans son pays natal, Moussa n’a pas de bons souvenirs de l’école. « Au Mali, les enseignants utilisent un fouet pour punir les élèves, raconte‐t‐il. De toute façon, après la mort de mes parents, mon grand frère ne voulait plus que j’aille à l’école… » D’où son départ pour l’Europe et son arrivée à Nantes, il y a deux ans. Non reconnu comme mineur par le département (Moussa dit avoir 17 ans), il a engagé un recours devant le juge des enfants. Comme nombre de migrants « en recours », Moussa est scolarisé dans l’enseignement privé catholique. Après une année de 3e au collège du Sacré‐Coeur, il est entré en seconde professionnelle « électricité » au lycée professionnel Saint Félix – La Salle de Nantes. « Ça se passe bien, poursuit‐il. J’ai progressé en français et appris beaucoup de choses. » Son rêve ? Créer sa propre entreprise en France et ; pourquoi pas plus tard, au Mali. Un joli pied de nez au passé. « Dans mon village natal, on n’a pas l’électricité… »
Tous les migrants de Nantes n’en sont pas à dresser de tels plans pour l’avenir. Ils sont aujourd’hui 534 mineurs non accompagnés (MNA) à être pris en charge par le département dans le cadre l’aide sociale à l’enfance (ASE), mais presque autant à vivre à Nantes et ses alentours sans avoir été reconnus comme mineurs. Les premiers ont accès sans difficulté à la scolarisation dans l’enseignement public mais aussi privé, comme le confirme le département de Loire‐Atlantique. « La structuration de l’offre scolaire et la difficulté pour l’Éducation nationale d’adapter à la hausse le nombre de places pour accueillir et scolariser les MNA rend plus facile la scolarisation dans le privé pour ces jeunes. C’est vrai pour les moins de 16 ans et encore plus pour ceux qui sont en apprentissage ou en formation en CAP, car le département sollicite beaucoup de structures privées, notamment le réseau des Maisons familles rurales (MFR). »
Les migrants non pris en charge par le département se retrouvent presque exclusivement scolarisés dans l’enseignement privé catholique. « Les portes de l’enseignement public leur sont pratiquement toujours fermées », constate Julien Long, doctorant
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