On appelle ça la Vallée. A l’Est de Nantes, cette fine bande de terre sableuse qui longe la Loire est plate et irriguée par plusieurs « boires » et ruisseaux. Bref, l’endroit idéal pour cultiver les légumes. Et de fait, Saint‐Julien‐de‐Concelles, petite bourgade nichée au cœur de cette vallée détient sans conteste le titre de capitale « historique » du maraîchage nantais, avec sa vingtaine d’exploitants et ses 1100 hectares dédiés aux concombres, radis, bancs de mâche et autres tomates. Loin devant Machecoul (553 hectares de surface maraîchère), reléguée, en quelque sorte, au rang de capitale « administrative ». Cela se voit, du reste : qu’on la regarde depuis la bucolique Route des Bords de Loire, ou depuis le ciel (merci Google Earth), Saint‐Julien‐de‐Concelles est couverte de blanc, de la couleur de ces kilomètres de plastique qui couvrent les champs de légumes.
C’est que le développement de cette commune de la deuxième couronne nantaise – 7000 habitants aujourd’hui – est intimement lié à la réussite de ses maraîchers, depuis qu’ils ont été chassés des faubourgs nantais par la pression foncière, il y a au moins un siècle. Officiellement, c’est une vraie success‐story, faite de travail – tous les Concellois vous raconteront les femmes à genoux sur les bancs de mâche gelés, « le pire travail qui soit » -, d’ingéniosité (l’inventeur de la machine à ramasser la mâche était un mécanicien de Saint‐Julien) et de progrès perpétuel.
Officiellement l’ambiance est donc des plus paisibles dans le village. Si l’on en croit son maire, du moins, Thierry Agasse, qui reçoit accompagné de son adjoint à l’Agriculture, Jean‐Pierre Marchais, un ancien maraîcher. Bien sûr, les récentes affaires d’intoxication au metam‐sodium (un pesticide toxique presque exclusivement utilisé dans le maraîchage) ont bien provoqué quelques inquiétudes et la mobilisation d’associations. Mais il l’assure : en cas d’éventuels problèmes, consigne a été passée …