Ils sont deux à préparer un dîner dans une minuscule kitchenette d’un hôtel à bas prix de Saint‐Nazaire. L’odeur d’huile d’olive chaude emplit l’espace, les oignons sont presque prêts à être frits, le temps de tirer quelques dernières larmes au gaillard qui les coupe. A partir d’un téléphone, les deux collègues s’enivrent de musique populaire grecque diffusée par une émission de télé‐crochet d’une chaîne publique. Puis Peter reçoit un appel de sa femme. Son fils de trois ans veut lui parler et le voir en vidéo. Alors il enfile ses écouteurs et répond à l’appel sur la messagerie instantanée Viber. Rires, complicité, émotion… « Vous me manquez », dit‐il à son fils et sa femme (il me traduit sa phrase après coup car je ne comprends rien). Peter est touché de pouvoir ainsi échanger avec sa famille, qui habite une coquette maison de la province de Kozani, dans
Saint‐Nazaire : avec les travailleurs de l’ombre des chantiers navals
Jusqu'à 45 heures de travail par semaine pour moins de 1400 euros par mois. Une vie de labeur passée d'un chantier à l'autre, d'une chambre d'hôtel pour trois à l'autre, loin de son pays et de sa famille... Comment vivent ceux qui font tourner les chantiers navals ? A quoi aspirent-ils ? Florent Pommier raconte, en texte et en images, sa rencontre avec les travailleurs détachés de Saint-Nazaire.