Démonstration de force en cet après‐midi d’automne près de l’arrêt de tramway Commerce, à Nantes. Des camions de police et de CRS, des policiers lourdement armés sont postés à l’entrée du Cours Franklin Roosevelt. Nous sommes au seuil du principal point de deal du centre‐ville de Nantes. Là où, chaque jour, officient de 20 à 30 « charbonneurs », ces petits dealers de terrain, légèrement approvisionnés, au service des plus gros trafiquants. La police occupe le terrain et tente de rassurer une population excédée par un négoce et des règlements de compte de moins en moins discrets. Mais à quelques mètres de là seulement, à la Fnac, un jeune homme paye un accessoire à 170 euros avec des liasses de billets de 10 euros qu’il recompte nonchalamment, sous le regard gêné d’une caissière.
La scène est moins anecdotique qu’il n’y paraît. Elle témoigne de la manière dont évolue la trafic de drogues à Nantes ces derniers mois : sans freins et dans un va‐et‐vient subtil entre farouche dissimulation et richesse ostentatoire. Les chiffres sont étonnants. Alarmants même. Selon le fichier du ministère de l’Intérieur recensant les crimes et délits enregistrés par la police (et qui ne donne qu’un aperçu partiel de la réalité), les affaires concernant le trafic de stupéfiants ont explosé entre 2012 et 2018 : + 140 % pour le « trafic et revente sans usage de stupéfiants »