« Atoll ? un accident industriel ! » Le président de l’Entente du commerce de Maine‐et‐Loire, Olivier Fargetton, ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de décrire la vaste « soucoupe volante » qui s’est posée au printemps 2012 à Beaucouzé, en banlieue ouest d’Angers. Installé sur une vingtaine d’hectares, Atoll est le plus grand centre commercial du Grand Ouest, devant le nantais Atlantis : 90 000 mètres carrés de commerces (Atlantis en compte 70 000), dont 71 000 de surface commerciale (sans les réserves). Un mastodonte qui fait aujourd’hui pâle figure : en 2020, il a perdu une dizaine de ses grands magasins, dont Alinéa et Castorama qui occupaient un tiers de l’espace. Outre ces deux locomotives, Keria, Château d’Ax, Cuisine de France ou encore le magasin de jouet PicWicToys ont aussi quitté les lieux. Une hécatombe.
Selon nos calculs, 57 % de la surface commerciale totale demeure actuellement occupés. La faute à la crise sanitaire ? Sans doute un peu. Mais pas uniquement. « L’heure des comptes a sonné, nous y voilà ! », s’exclame Elie de Foucauld, ancien directeur d’Aldev, l’Agence de développement économique de l’agglomération d’Angers. L’Atoll, c’est un échec au départ, une erreur de conception parce que sa taille est hors de proportion avec son marché. » Un centre « beaucoup trop grand, beaucoup trop cher et construit trop tard », complète l’ancien président de la chambre de commerce et d’industrie, Éric Groud.
Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut remonter quinze ans en arrière. Au milieu des années 2000, le maire d’Angers de l’époque, le socialiste Jean‐Claude Antonini, veut regrouper les grandes enseignes de l’entrée de l’agglomération en un même site, tout en réduisant « l’évasion commerciale vers Nantes ». La chambre de commerce et d’industrie, qui soutient cette idée, évalue à 50 000 mètres carrés la taille idéale du complexe. « Le projet était cohérent et modeste, puis il a gentiment glissé, dérapé et tout s’est emballé », se souvient Éric Groud.
Comment Philippe …