Le déploiement a été implacable. Mardi 23 mars, la ZAD du Carnet a été broyée en une matinée. Face à quelques dizaines de militants, sept escadrons de gendarmes mobiles – soit plus de 400 hommes – accompagnés de blindés ont investi le site, dispersant les zadistes et réduisant à l’état de gravats les cabanes construites depuis le début de l’occupation de la zone, à l’été 2020. Si les élus locaux et la présidente de région – qui avait personnellement écrit à Gérald Darmanin pour demander l’évacuation (voir ici le courrier que Mediacités s’est procuré) – ne manquent pas l’occasion de remercier le ministre de l’Intérieur, cette opération ne change pourtant rien sur le fond. Mal emmanché depuis le départ, le projet de « parc industriel éco‐technologique » pourrait bien ne jamais voir le jour.
Mardi, à l’issue de l’évacuation, les représentants du Grand port maritime de Nantes – Saint‐Nazaire (GPMNSN) ont d’ailleurs douché les espoirs de ceux qui y croyaient encore. « On fait un reset et on réfléchit à l’utilisation du site, sans calendrier, expliquait Olivier Trétout, le président du Grand port. Rien n’est programmé. Nous n’avons aucun projet de construction et d’aménagement à ce jour. » Fermez le ban.
Une gouvernance introuvable
Reste à comprendre comment on en est arrivé à ce qu’un projet enclenché depuis 2017 et qui devait être axé sur les énergies renouvelables réussisse à dresser contre lui les militants écologistes, à susciter un rapport défavorable du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel et à ne recueillir qu’un soutien – très – mesuré des collectivités et des acteurs économiques institutionnels. « Cela ne me concerne pas, confiait le président de la CCI Nantes – Saint‐Nazaire, Yann Trichard, à Mediacités le 23 mars. C’est le projet du Grand Port. »
Le Grand Port justement… À l’origine du projet, il n’a pas réussi à le mener à bout et concentre nombre des critiques. La faute, semble‐t‐il à une gouvernance hybride qui conduit certains à se demander qui en tient vraiment la barre. Doté de plus d’autonomie depuis la réforme portuaire de 2008, ce port d’État est géré depuis 2019 par un enchevêtrement d’organes décisionnels (directoire, conseil de surveillance,