Posés sur les rives de la Loire, les lieux semblent propices à l’étude, à la quiétude et à l’apaisement. Pourtant, les couloirs des 3 500 mètres carrés de l’Institut d’Etudes Avancées (IAE) de Nantes bruissent ces derniers jours de discussions à mots couverts. Leur sujet ? Un nouveau séisme dans l’univers feutré de cet organisme lancé par Jean‐Marc Ayrault en 2008, dans le but d’accueillir en résidence à Nantes des chercheurs étrangers. Sept mois seulement après sa nomination à la tête de cette prestigieuse institution, son nouveau directeur, Suleiman Ali Mourad, démissionne. Celui qui avait été désigné pour redresser l’image et les finances de l’établissement après les remous de ces deux dernières années jette l’éponge. « Pour des raisons familiales », selon la version officielle.
En réalité, cet universitaire spécialiste de l’histoire de l’Islam et du Moyen‐Orient n’a jamais véritablement endossé le costume de directeur de l’IEA. Après sa nomination en juillet dernier, ses obligations professionnelles aux Etats‐Unis et la crise sanitaire l’ont empêché de s’asseoir dans son fauteuil nantais. Mais le Covid et la santé fragile de son épouse ne sont pas les seules raisons de sa démission. « La greffe n’a pas pris avec Alain Supiot », résume un proche de Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de l’IEA.
Alain Supiot, seul maître à bord
Car pour durer dans cet établissement, il faut faire corps avec ses « racines ». Et ces dernières portent un nom : Alain Supiot, prestigieux juriste, professeur émérite au collège de France et fondateur de l’établissement. Les prédécesseurs de Suleiman Ali Mourad l’ont appris à leurs dépens.
Depuis la création de …