En Loire‐Atlantique, les impacts problématiques d’un méthaniseur « hors norme »

Un permis de construire pour un méthaniseur agricole XXL a été déposé le 16 avril à la mairie de Corcoué-sur-Logne. Derrière ce projet qui se heurte à la contestation locale, une entreprise danoise qui tente de s’implanter en France, profitant de subventions très favorables au « biométhane ».

Methaniseur
Le futur méthaniseur géant implanté à Corcoué sur Logne ressemblera à cette unité de Nature energy au Danemark. / Photo : ©Nature Energy

Des cuves de 24 mètres de hauteur, trois cheminées de 50 mètres, une centaine de rotations de camions par jour, 498 000 tonnes de déchets par an… Le permis de construire d’un méthaniseur aux dimensions gigantesques a été déposé vendredi 16 avril à la mairie de Corcoué‐sur‐Logne, en Loire‐Atlantique.

Porté par la coopérative agricole d’Herbauges, elle‐même associée à l’entreprise danoise Nature Energy, ce projet promet de traiter un volume de déchets quatre fois plus important que le plus gros méthaniseur agricole français et 20 fois supérieur à la moyenne – le volume moyen traité par les méthaniseurs en France est de 25 600 tonnes par an.

Avec le projet de Corcoué‐sur‐Logne, petite commune située à une trentaine de kilomètres au sud de Nantes, et, derrière lui, plusieurs autres projets dans l’ouest et le centre‐est de la France, Nature Energy, qui possède parmi les plus gros méthaniseurs d’Europe, tente de s’implanter sur le marché français et européen. Pour l’heure, seul le projet de Corcoué a été porté à la connaissance des habitants. Mais, selon nos informations, les autres sont de taille tout aussi exceptionnelle pour le paysage français : ils sont dimensionnés pour des volumes de 200 000 à 300 000 tonnes d’intrants par an. La coopérative Dijon Céréales, notamment, s’est associée à l’un de ces projets : un méthaniseur fonctionnant uniquement à partir de matière végétale, pour 240 000 tonnes par an.

Mauricette Couëron, habitante de Corcoué‐sur‐Logne, n’en revient pas. « C’est un projet industriel qui va se construire à 150 mètres de notre village. Or les accidents de méthaniseurs sont très nombreux. Selon le Collectif scientifique national méthanisation raisonnée, 272 incidents se sont déjà produits sur les méthaniseurs en France ! Avant un projet de cette taille, il nous faudrait des études sur les impacts en termes de santé humaine et d’environnement. Nous n’avons rien vu de tel. »

Le 13 février dernier, elle était de la manifestation qui a rassemblé près de 800 personnes – sur les quelque 3 000 habitants que compte la commune. Des agriculteurs opposés au projet étaient aussi de la partie, avec quelques tracteurs. Une précédente manifestation, le 19 octobre, avait déjà mobilisé du monde. Difficile, au‐delà des exploitants agricoles partie prenante du projet, de trouver des partisans de cette installation XXL…
Déjà 1 167 méthaniseurs en France
La méthanisation, procédé qui permet de créer du gaz à partir de la fermentation des déjections animales issues de l’élevage – ou d’autres déchets –, a le vent en poupe : bénéficiant depuis 2012 d’importantes subventions publiques destinées à promouvoir ce qui est considéré comme une « énergie renouvelable », les installations de méthaniseurs se sont multipliées ces dernières années. On en compte aujourd’hui 1 167 sur le territoire national et 149 en construction.

Du méthaniseur local permettant à une ferme d’être autonome en énergie à l’usine de méthanisation destinée à alimenter le réseau GRDF (Gaz réseau distribution France), les structures sont très variables. Dans sa version grande taille, le méthaniseur s’accompagne d’un flux important de transports et …

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Publié le

Temps de lecture : 14 minutes

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Par Amélie Poinssot (Mediapart)

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