Le transfert de médecins, un mercato comme les autres ? La question mérite d’être posée alors que le seul département de la Vendée a perdu une vingtaine de médecins urgentistes en 2020–2021. Déménagements, retours dans leur région d’origine, missions en outre‐mer ou… départs vers le privé. Quatre jeunes ont ainsi quitté l’hôpital de La Roche‐sur‐Yon pour ouvrir, en mars 2021, un nouveau « centre médical de soins immédiats » au sein de la clinique Santé Atlantique à Saint‐Herblain (groupe Elsan, 180 praticiens). Leurs motivations ? « J’ai toujours aimé monter de nouveaux projets, des start‐up… Et clairement, c’est satisfaisant de ne plus travailler la nuit », indique le Dr Benjamin Gicquel, fondateur de la structure.
A la Roche‐sur‐Yon, il assurait en moyenne huit gardes par mois. Rémunérateur certes, mais pour la jeune génération de médecins, ce critère n’est plus le principal quand les semaines de 60 ou 70 heures empiètent trop sur la vie privée. Comme de nombreux jeunes urgentistes, il ne se retrouvait plus dans le modèle hospitalier : « Les gardes de nuit, c’était difficile, surtout l’afflux de patients non graves. Venir aux urgences à 4 heures du mat’ pour une entorse de la veille au soir, ce n’est pas tout‐à‐fait adapté ».
A Laval, 5 urgentistes pour 16 postes
L’exemple vendéen est loin d’être isolé. En ce début 2022, une centaine de postes de médecins urgentistes titulaires sont vacants en Pays de la Loire, soit environ un tiers des effectifs nécessaires. « La Sarthe, la Vendée et la Mayenne sont les trois départements les plus sinistrés, précise le Dr Thierry Le Guen, conseiller à la stratégie médicale de l’Agence régionale de santé Pays de la Loire (ARS). Les problèmes sont moins aigus en Loire‐Atlantique et Maine‐et‐Loire »
Un phénomène qui touche néanmoins la plupart des régions françaises. A Lyon, par exemple, le Dr Lucas Reynaud, urgentiste lui aussi, a quitté l’hôpital pour diriger le service d’urgence d’une clinique de Bourg‐en‐Bresse. « Pendant nos 10 ans de formation, nous sommes broyés par l’institution hospitalière. J’avais une carrière toute tracée dans le public mais ce n’est pas ce que je voulais. A la clinique, je travaille en moyenne 10 heures de moins par semaine et je gagne le même salaire qu’en fin de carrière à l’hôpital », explique‐t‐il posément.
Dans les hôpitaux publics, les chefs de service, eux, subissent cette pénurie devenue intenable par endroits et jonglent avec des tableaux de garde impossible à remplir. Aux urgences de Laval, il n’y a plus que 5 urgentistes (équivalents temps plein) sur un effectif « cible » de 16 à 18 postes. « En octobre dernier, un jeune PH (praticien hospitalier) a quitté le service pour devenir médecin‐pompier, un autre pour un centre de soins non programmés (CNSP) de la …