Les lettres ouvertes doivent s’empiler sur les bureaux de la préfecture et de la mairie de Nantes. À un rythme régulier, quand une situation d’inhumanité supplémentaire fait déborder le vase de la colère, associations et collectifs alertent les pouvoirs publics sur la situation des personnes à la rue à Nantes.
Début février, L’Autre Cantine dénonçait par exemple la « nette dégradation de la situation », se faisant le relais de messages qui « arrivent de partout – des écoles, d’agents de la gare SNCF, de vigiles de parkings, de personnels hospitaliers ou encore de France Terre d’asile – pour signaler des femmes et familles non prises en charge par le 115 et qui dorment dehors en plein hiver ». À Nantes, alors que la trêve hivernale des expulsions s’est achevée le 31 mars, le droit au logement est ainsi régulièrement bafoué. Des individus se retrouvent sans solution d’hébergement. Des enfants sont déscolarisés, des nouveau‐nés dorment dans la rue. Des personnes y meurent, aussi.
Le phénomène du sans‐abrisme est national, bien sûr. Le logement est même « le parent pauvre » du mandat d’Emmanuel Macron, déclarait début février la Fondation Abbé‐Pierre dans son 27e rapport, déplorant la baisse des aides publiques et le ralentissement de la production de logements sociaux. « Je veux que nous puissions apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui sans abri », avait pourtant appelé de ses vœux le président de la République. Résultat : alors que c’est la compétence de l’État de les mettre à l’abri, 300 000 personnes sont toujours sans domicile fixe, en France.
Des réalités variées, un afflux constant
La problématique a tout de même ses spécificités nantaises, dont sont d’ailleurs bien conscients les élus du territoire. Dans son programme [PDF] pour sa réélection en 2020, la maire et présidente socialiste de la métropole souhaitait que la ville s’engage aux côtés « de tous les pouvoirs publics afin que personne ne reste à la rue dans la 6e ville de France ». En avril 2021, le conseil métropolitain adoptait même à l’unanimité la création d’un fonds de soutien « pour la lutte contre le sans‐abrisme », qui doit représenter 1 % du budget d’ici la fin du mandat en 2026.
Mais …