Près de Nantes et d’Angers, l’insatiable appétit de terres des maraîchers industriels

Alors que l’entreprise Primaloire comparaît devant le tribunal d’Angers pour l’intoxication de 76 personnes au métam-sodium en 2018, l’interdiction du pesticide n’a pas freiné le développement du maraîchage industriel. En Loire-Atlantique et Maine-et-Loire, son expansion provoque même de vives tensions.

Tribune metamsodium
Une exploitation maraîchère en Loire-Atlantique / Photo : David Prochasson

C’était un mardi matin. Le 9 octobre 2018, à Brain-sur‑l’Authion, à une quinzaine de kilomètres à l’est d’Angers, 61 personnes commencent à avoir les yeux qui piquent. Puis ils suffoquent, avec une affreuse sensation d’irritation dans la gorge, un peu comme une attaque aux gaz lacrymogènes. 17 d’entre elles sont conduites au CHU d’Angers.

La cause de ces intoxications ? Le métam‐sodium, un produit phytosanitaire extrêmement volatile servant à désinfecter les sols avant l’implantation de culture de mâche. Trois jours plus tard, un nouvel épisode survient sur la même commune, à proximité d’un lycée. Les autorités décident alors d’interdire définitivement ce produit qui bénéficiait depuis neuf ans d’un régime dérogatoire.

La société Primaloire, basée à Saint‐Julien‐de‐Concelles, qui exploitait ces terres angevines, comparait ce lundi 22 mai devant le tribunal correctionnel d’Angers pour ces faits d’intoxications. Face à elle, 76 victimes d’intoxication, mais aussi France Nature Environnement Anjou (FNE). L’association, qui espère faire de ce procès une tribune, reproche notamment au maraîchage industriel, très tourné vers l’export, de travailler en monoculture avec utilisation intensive d’engrais, de sable et d’eau.

De plus en plus d’hectares
L’interdiction du métam‐sodium, qualifiée de « décision couperet » à l’époque par la Fédération des maraîchers nantais, provoquait les plus vives inquiétudes au sein de la filière. Sans solutions désormais pour préparer leurs sols, les maraîchers allaient‐ils s’en sortir ? « On était la première région de production d’Europe et on s’est fait doubler par les Italiens qui peuvent encore utiliser ce produit », s’étrangle aujourd’hui son directeur Emmanuel Torlasco.

Selon le Comité départemental de développement légumier (CDDM), l’institut technique de la filière, la production de mâche nantaise aurait diminué de 10% depuis 2019. Parallèlement, les surfaces de maraîchage ont progressé : de 24% en Loire‐Atlantique entre 2010 et 2021, selon les données du ministère de l’Agriculture ; et de 17% en Maine‐et‐Loire. L’une des explications à cette progression tient précisément à l’arrêt du métam‐sodium.

« Pour gérer l’enherbement, l’une des solutions consiste à désintensifier les cultures, c’est-à-dire ne produire que deux ou trois cultures de mâche au lieu de quatre sur la même parcelle au cours d’une année, explique Brigitte Pelletier, directrice technique du CDDM. Cela conduit …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 9 minutes

Favorite

Par Antoine Humeau

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a atteint son premier objectif.
Pour garantir notre indépendance et contribuer au développement d’une presse locale d’investigation, aidez-nous à aller plus loin et à atteindre 110% d’ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

Chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 30 secondes