« Le collège dans lequel je travaille ne devrait pas exister ». En juin dernier, voilà ce que confiait à Mediacités Sébastien Manzoni, professeur d’histoire-géographie au collège Rosa Parks, à Nantes. Prémonitoire. À la rentrée 2024, l’établissement classé réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+) fermera définitivement ses portes. Avec un objectif clair : en finir avec la ségrégation scolaire. « Je vois ce moment comme l’aboutissement d’un effort collectif très fort pour désinvisibiliser l’établissement, se réjouit aujourd’hui l’enseignant. Avant, personne ne s’intéressait à Rosa Parks. »
Bâtiment de trois étages aux encadrements de fenêtres colorés, le collège est situé entre les quartiers prioritaires du Breil et des Dervallières, dans l’ouest de Nantes. Il accueille 340 élèves dont 20 allophones. La moyenne aux épreuves terminale du brevet y atteint péniblement 8/20, quand elle dépasse le plus souvent 13 à quelques arrêts de bus de là, dans les collèges du centre‐ville.
« Ce qui peut étonner quand on arrive ici, c’est l’absence totale de mixité sociale, observe Thomas Gilbert, le principal de Rosa Parks depuis la rentrée 2022. Dans le secteur, plus d’un élève sur deux évite l’établissement, et selon les années, on compte entre 1 et 3 % d’enfants de cadres. » Quant à son Indice de position sociale (IPS), il est tout simplement le plus faible de toute l’agglomération nantaise, comme nous l’indiquions dans de précédents articles.
Solution radicale
Pour mettre un terme à cette ségrégation scolaire profondément enracinée, le conseil départemental de Loire‐Atlantique – qui a la compétence du tracé de la carte scolaire des collèges – a opté, en avril dernier pour une solution radicale, déjà expérimentée à Toulouse, dans le quartier du Mirail. Il s’agit purement et simplement de fermer ce « collège‐ghetto » pour répartir ses élèves entre différents établissements plus favorisés du centre‐ville. Une méthode qui, à Nantes, s’appuie en outre sur l’ouverture d’un nouvel établissement, prévue pour la rentrée 2024.
« La République ce n’est pas l’entre-soi, ce n’est pas la relégation de certains dans des quartiers défavorisés et puis la concentration d’autres dans des quartiers bourgeois », justifie, presque la main sur le cœur, le vice‐président éducation et politique éducative au Département de Loire‐Atlantique Vincent Danis.
Seulement, ce projet suscite bien des inquiétudes. David Lhotellier, représentant des parents d’élèves du collège Rosa Parks et initiateur d’une