Les invraisemblables ratés de l’enquête sur la fusillade du Moonlight, à Nantes

Ce fait divers avait lancé la campagne de médiatisation autour de l’insécurité à Nantes. Cinq ans après les faits, l'enquête sur la plus emblématique des fusillades qu'a connues la ville vient de connaître un tournant majeur. Mediacités a listé les cinq plus gros loupés de cette enquête tentaculaire.

Facade du bar à shisha Le Moolight. Photo Google Map
Façade du bar à shisha Le Moolight. Photo : Google Map

De toutes les fusillades qui ont éclaté ces dernières années à Nantes, c’est la plus marquante : elle n’a pas eu lieu au pied d’une tour dans un quartier dit « sensible », mais dans la rue du Maréchal‐Joffre, la très commerçante « rue des kebabs » du centre‐ville de Nantes, réputée pour sa vie nocturne. Cinq ans après la nuit du 23 avril 2019, l’affaire de la « fusillade du Moonlight » a connu un important tournant, ce vendredi 28 juin 2024, devant la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Rennes.

Poursuivis initialement pour « meurtre en bande organisée », les cinq principaux suspects ne le seront finalement que pour une « association de malfaiteurs » et des délits liés au trafic de stupéfiants. En clair, il n’y aura probablement jamais de « meurtrier » dans l’affaire du Moonlight, du point de vue de la justice. Et les suspects ne comparaîtront pas devant les juges professionnels d’une cour d’assises spéciale – qui ne juge que certains crimes comme les affaires de terrorisme et où l’on risque la réclusion criminelle à perpétuité – mais par un tribunal correctionnel.

L’affaire, qui avait contribué à faire monter le débat sur « l’insécurité à Nantes », se dégonfle donc sérieusement. Cnews avait pourtant fustigé en juillet 2022 « le nouveau couac judiciaire » après la remise en liberté d’une partie du commando pour une question de procédure. « Nantes est en proie depuis le début du mois à des fusillades », s’alarmait déjà la chaîne d’info en continu en 2019, juste après le drame. « Des règlements de comptes qui se produisent désormais au cœur même de l’agglomération, et pour lesquels la municipalité se sent impuissante. »

Le parquet, lui, avait déjà commencé à manger son chapeau avant l’audience. « Les faits de meurtre en bande organisée (…) n’apparaissent pas caractérisés », admettait la représentante du parquet général, au terme d’un réquisitoire de 166 pages rendu le 6 février 2024 et que Mediacités a pu consulter. Le ministère public réclamait donc le renvoi des suspects en correctionnelle, histoire de sauver les meubles. Un réquisitoire qui venait signer l’échec de cette retentissante enquête criminelle, instruite par la doyenne des juges d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes.

Depuis le départ, cette dernière s’était convaincue de la culpabilité de ses suspects. Son travail – et celui  de la police judiciaire de Nantes – a ainsi été vivement et régulièrement critiqué. Au point que la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Rennes a refusé en juillet 2022 de valider son Ordonnance de mise en accusation (OMA) et a décidé de reprendre elle‐même la main sur les investigations. La juge, aujourd’hui, a quitté son poste : après sept ans passés à l’instruction, elle a été mutée le 1er avril 2023 à l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc).

La chambre de l’instruction a même dû ordonner en mars 2023 un second « supplément d’information » pour tenter de rattraper ce qui pouvait encore l’être. Mediacités a donc listé les plus cinq plus gros ratés de cette première phase d’enquête. Bienvenue dans l’arrière‐salle du Moonlight !

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Publié le

Temps de lecture : 8 minutes

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Par Claire Besnard (PressPepper)

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