Il y a comme un air de fête sur les marchés de Machecoul, Derval ou La Turballe, partout où le « Bétaillère tour » de la Confédération paysanne fait escale. Apéro‐huîtres à Joué‐sur‐Erdre, grillades à Saint‐Étienne‐de‐Montluc, soupe paysanne à Abbaretz, où l’on parle à chaque fois « d’alimentation saine et durable », de partage de l’eau ou d’installation. « Les gens discutent, cela crée une dynamique » s’enthousiasme la tête de liste Marie Savoy. Si le climat est euphorique, c’est peut‐être parce que ce syndicat né dans la région, marqué à gauche, croit en ses chances de victoire, un peu moins de vingt ans après avoir perdu la chambre d’agriculture de Loire‐Atlantique.
Alors que la puissante FNSEA (alliée aux JA, Jeunes agriculteurs) détient la quasi‐totalité des chambres d’agriculture, la Loire‐Atlantique est l’un des rares départements qui pourraient basculer dans le giron de la Confédération paysanne. Aux dernières élections, en 2019, le syndicat paysan était arrivé en tête à deux voix près seulement. De nouvelles élections avaient dû être organisées. Finalement, la FNSEA 44 avait renversé la dynamique, remportant le scrutin avec une confortable avance.
Deux élections tendues en 2019
Pour mobiliser son électorat, la FNSEA avait fait une intense campagne de phoning. Des coups de téléphone tous azimuts qui avaient permis de faire passer le taux de participation de 45 % à 58 % entre les deux scrutins. « Ils ont mobilisé au moins quinze salariés, se souvient le conseiller régional d’opposition Dominique Deniaud, à l’époque tête de liste Confédération paysanne. Nous‐mêmes avons été appelés. Je ne sais pas comment ils ont eu nos coordonnées. Ces listings provenaient vraisemblablement de la chambre d’agriculture, ce qui est illégal ». « Je les voyais téléphoner dans les bureaux de la chambre d’agriculture », rapporte une ancienne salariée écœurée. Des accusations invérifiables, mais qui jettent une fois encore la suspicion sur la porosité entre le syndicat majoritaire et la chambre consulaire.