Boboïsation, embourgeoisement, explosion des loyers, réhabilitation urbaine… Quel que soit le nom qu’on lui donne ou la façon dont on l’aborde, c’est peu dire que la question de la gentrification passionne les lecteurs de Mediacités. Mais que voulez‐vous précisément savoir sur cette thématique ? C’est la question que nous vous avons posée, en juin dernier, lors du lancement de #DansMaVille, notre première série d’enquêtes collaboratives.
« Qu’est-ce qui provoque la gentrification d’un quartier ? », nous demande ainsi Emily. « Comment expliquer que certaines villes y résistent plus que d’autres ? », s’interroge Elsa. « Que deviennent les gens modestes qui n’ont plus les moyens de vivre dans leur ville ? », cherche à savoir Elisabeth. « Quel rôle joue la spéculation immobilière », dans ce phénomène, se demande Blandine. Vos interrogations sont aussi nombreuses que précises. Avec la plateforme #DansMaVille, nous tentons de vous apporter quelques réponses, pour faire vivre le débat.
Elles confirment l’existence d’une réelle expertise citoyenne sur nos territoires. Loin de vous contenter d’explications superficielles, vous réclamez une lecture de ce phénomène dans toute sa complexité. « Dans le thème de la « privatisation de la ville », la gentrification est centrale. En effet, elle concentre toutes les questions politiques, sociales et sociétales : l’accueil, le partage de l’espace public, son esthétique, le logement et le foncier, l’espace genré, la nature en ville, les commerces de proximité, l’éviction des pauvres… », résume ainsi une lectrice anonyme se présentant comme une élue locale.
Des mutations progressives
Schématiquement, la gentrification peut se définir comme l’arrivée progressive d’une classe sociale aisée dans un quartier populaire, qu’elle finit par s’approprier en grande partie. Le mécanisme s’accompagne généralement d’une forte hausse des prix de l’immobilier, mais aussi d’une transformation radicale du quartier concerné. En jetant leur dévolu sur une zone jusqu’ici délaissée, les « nouveaux arrivants » entraînent dans leur sillage l’apparition de nouveaux commerces, de lieux de loisir, d’espaces publics ou d’activités professionnelles qui leur correspondent. L’ouverture de bars branchés, d’épiceries bio, de cabinets d’architecture ou d’ateliers d’artistes sont perçus comme autant de signes d’un quartier « qui bouge ».
Au terme de ce processus, une partie des habitants historiques peuvent cependant être peu à peu dépossédés de leur quartier, où plus grand‐chose n’est fait pour eux, voire contraints purement et simplement de le quitter à cause de l’explosion des loyers, actant définitivement la domination des CSP+, les catégories socio‐professionnelles supérieures.
Les exemples ne manquent pas. Emblématiques de ce phénomène, les Pentes de la Croix‐Rousse, dans le 1er arrondissement de Lyon, sont qualifiées par l’Insee de « laboratoire de la gentrification ». Alors que l’arrondissement, fief des …