Une auxiliaire de puériculture « dégoûtée » par ses conditions de travail. Un père « angoissé » de laisser son enfant le matin. Une directrice « choquée » de ne plus pouvoir assurer de bonnes conditions d’accueil dans son établissement. Plus d’une centaine de lecteurs et lectrices de Mediacités ont répondu à notre appel à témoignages, lancé à la fin du mois d’août sur le fonctionnement des crèches. Des familles bien sûr, mais aussi des dizaines de professionnelles du secteur, du public comme du privé, travaillant sur le terrain au contact des enfants ou à des postes à responsabilité au sein de grands groupes. Vos retours dressent un tableau effarant de la situation. Ils confirment ce que d’autres médias et enquêtes des pouvoirs publics répètent déjà depuis des années : le système des crèches traverse une crise majeure.
Tout n’est pourtant pas à jeter. Une partie d’entre vous nous avez écrit pour nous dire tout le bien que vous pensiez de ce mode de garde et – surtout – pour rendre hommage au personnel des établissements. « Super équipe à l’écoute des enfants », se réjouit Paul, à Lille. « Je n’ai que des commentaires positifs à faire (…). Bienveillance, qualité d’encadrement des enfants, variété des activités proposées… », écrit ainsi Isabelle au sujet de la crèche Babilou qui accueille son enfant de deux ans en région parisienne. « La prise en charge de mon bébé se passe pour le mieux », abonde Caroline, en Loire‐Atlantique.
Maltraitance institutionnelle
Beaucoup de professionnelles du secteur ont aussi tenu à témoigner pour éviter les « amalgames » après le décès d’un enfant de 11 mois dans une crèche lyonnaise, affaire dans laquelle une employée du groupe People&Baby est mise en examen pour homicide volontaire. « Nous avons la chance d’être reconnus par notre directrice et d’avoir un taux d’encadrement très bon (une professionnelle pour trois enfants). Ce qui nous permet de pouvoir suivre l’enfant et de ne pas faire un travail à la chaîne comme dans certaines crèches », résume une salariée de la petite enfance.
Parmi les témoignages reçus, rares sont ceux qui évoquent des cas de maltraitance directe. En revanche, l’immense majorité reflètent le sentiment d’un vaste gâchis. L’impression d’un dysfonctionnement généralisé aux causes multiples. « Une employée de crèche qui tue un bébé de 11 mois, c’est un assassinat, cela n’a rien à voir avec la maltraitance institutionnelle », résume Béatrice, auxiliaire de puériculture depuis vingt‐trois ans dans le secteur public.
« Quand je suis avec une collègue, en charge de 12 nourrissons, et que nous donnons …