Soudain, sa voix se trouble. « Je suis tenace mais ce n’est plus possible. Ce système malmène tout le monde. C’est ma responsabilité de témoigner », lâche Catherine*, au bord des larmes. Son parcours ressemble à celui de nombreuses professionnelles de la petite enfance : une carrière sur le terrain, puis l’envie de progresser professionnellement. Un poste de cadre en tant que coordinatrice d’une quinzaine de crèches dans la région Auvergne‐Rhône‐Alpes pour un grand groupe privé, l’un des leaders du secteur. Des journées à rallonge, le sentiment de perte de sens, la pression, l’épuisement permanent et le burn‐out qui explose « logiquement », comme une fatalité. Aujourd’hui en arrêt maladie, Catherine sait déjà qu’elle ne reviendra pas.
Crèches privées : les repentis des « usines à bébés »
Cadres régionaux, managers, directrices… Ils ont été les rouages, parfois zélés, de groupes de crèches privées où l’accueil des enfants a été vidé de son sens par une logique de rentabilité poussée à l’extrême. Leur parole, rare, lève un voile sur les coulisses de ces entreprises.