« Fermeture des piscines, des musées, des médiathèques, éclairage public éteint une partie de la nuit, température réduite des équipements (…) Nous sommes devant le risque d’un véritable blackout territorial. » Ouvrant les 24èmes assises de l’association des petites villes de France, le 15 septembre dernier, Christophe Bouillon, le maire de Barentin (Seine‐Maritime) a trouvé la formule qui claque. Cause de ce blackout ? L’explosion des prix de l’énergie qui, du jour au lendemain, a consumé les budgets municipaux. Et pas seulement dans les petites villes.
« C’est la première fois que je vais tuer des services publics », s’alarmait par exemple, dès le 7 juillet, le maire de Cergy (63 000 habitants) lors d’une rencontre dédiée aux finances publiques. « Je vais devoir complètement revoir les comptes, je vais devoir aller chercher des économies (…) je vais renégocier les prêts, je vais aller chercher de l’argent là où je peux, se désolait pour sa part », deux mois plus tard, Benoît Payan, le maire de Marseille.
L’inquiétude est d’autant plus forte que la flambée des prix du gaz et de l’électricité ne menace pas simplement à court terme le niveau de services publics. Elle « risque aussi d’engendrer un renoncement des collectivités à leurs projets d’investissement liés à la transition énergétique et de mener à une hausse des impôts locaux affectant le pouvoir d’achat des ménages », estime un rapport sénatorial paru fin juillet.
Une aide concentrée sur les communes en difficulté
Face à cette alerte générale, le gouvernement n’est pas resté inactif. Il a pris plusieurs mesures de soutien dont l’ouverture des tarifs plafonnés de l’électricité à quelque 22 000 petites communes. Il a également dégainé cet été un « filet de sécurité » doté de 430 millions d’euros pour soutenir les communes et les intercommunalités fragilisées par l’inflation en général et par la hausse, au 1er juillet, de 3,5 % du point d’indice des fonctionnaires.
Problème, ce « bouclier » est assorti de telles conditions que seules les communes les plus en difficulté y ont accès. Il ne profiterait qu’à 8 000 d’entre elles, selon une étude de la Banque postale.
Une sélectivité assumée. « On ne peut pas traiter toutes les collectivités de la même façon, déclarait en effet mi‐septembre le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Vous avez des collectivités bien gérées, et d’autres qui sont moins bien gérées. Quand je vois des collectivités qui ont embauché massivement et qui viennent ensuite demander à l’État, parce qu’elles ne peuvent pas faire face à des factures énergétiques, de payer à la place des collectivités, ça peut poser une difficulté. »
Pour le numéro 2 du gouvernement, beaucoup de communes, notamment les plus grandes, auraient des marges de manœuvre pour absorber le choc énergétique. Leurs finances étaient en effet « très positives » au sortir de la crise sanitaire, selon la Cour des comptes. Et une