« Je protège ISS, car ils paient mon salaire » : Quand un syndicaliste CGT roule pour la direction plutôt que pour les salariés

Près d’une vingtaine d’agents d’entretien d’ISS Propreté accusent un délégué syndical CGT Propreté de fermer les yeux sur leurs conditions de travail qui se dégradent. Par ailleurs, l’homme gagne d’invraisemblables rémunérations grâce à des déclarations d’heures supplémentaires douteuses et la complicité de la direction.

ISS illustration prextexte

Un tapis roulant encombré de déchets dans un sous‐sol trop étroit. Des monceaux d’ordures éparpillées au sol. Et au milieu, un homme, seul, tentant de déblayer à la pelle le flux malodorant, tel un Sisyphe moderne.

La scène se passe à deux pas de l’aéroport Roissy‐Charles‐de‐Gaulle, sur l’un des sites de la société Servair, une filiale d’Air France. L’agent d’entretien travaille pour l’entreprise ISS Propreté , un géant du secteur de la propreté. La vidéo montre les conditions de travail ingrates auxquelles peuvent être confrontés les salariés du secteur de la propreté. « Mon collègue passe deux heures, parfois trois, dans ce conduit, raconte Thierry*, un salarié d’ISS Propreté. En plus, il est asthmatique. Imaginez qu’il lui arrive quelque chose, personne ne sera là pour l’aider. » 

Ces images tranchent radicalement avec le discours officiel du groupe ISS. « Nous sommes particulièrement attentifs au bien‐être de nos collaborateurs, nous mettons tout en œuvre pour que chacun d’entre eux trouve pleinement sa place tant dans l’entreprise que dans la société », vante la société sur son site internet.

Dans de nombreuses entreprises, ces images provoqueraient des protestations syndicales énergiques. Pas chez ISS Propreté. D’après plusieurs salariés rencontrés par Mediacités, le représentant du personnel chargé de défendre leurs intérêts ferme les yeux sur les conditions de travail difficiles qui se « dégradent », sur les cadences qui s’accélèrent et sur le matériel de protection « usé », rarement remplacé. « C’est affreux, interminable. On a beaucoup de gens qui se blessent. Le dos, les pieds. Franchement c’est dangereux », énumère Thierry*. Comme ses collègues, rencontrés dans un bistrot de la région parisienne, cet employé préfère rester anonyme par peur de représailles. Dans leur collimateur : Seydou Diop, leur délégué syndical CGT Propreté.

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Par Etienne Merle et Gael Cérez

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