« EIGS » pour « événement indésirable grave associé aux soins ». Comme Mediacités l’a documenté avec force détails la semaine passée, c’est par ce nébuleux acronyme que l’institution hospitalière désigne les centaines de drames causés, chaque année, par des erreurs de prescription et d’administration de médicaments dans les quelque 3 000 établissements de santé français. Combien exactement ? Aucun décompte précis n’a jamais été réalisé, ni par la Haute autorité de santé, ni par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).
« Il est atterrant de voir ce déni persister au prix d’une hécatombe probablement beaucoup plus funeste que celle causée par la circulation routière », s’indignent quatre pharmaciens hospitaliers dans une tribune publiée sur Mediacités. Et, comme pour confirmer – s’il le fallait encore – le tabou qui entoure les erreurs commises par les soignants à l’hôpital, ni l’Agence nationale de sûreté du médicament, ni le ministère de la Santé n’ont daigné répondre à nos questions [Lire l’encadré « En Coulisses »].
Ce silence est vertigineux. Il l’est d’autant plus que Mediacités a pu retracer sur plusieurs décennies l’inaction coupable des pouvoirs publics sur le sujet. De fait, les mesures pour réduire les erreurs liées aux médicaments à l’hôpital sont bien connues des autorités sanitaires, celles‐ci n’ont pourtant jamais été rendues contraignantes et donc généralisées à l’ensemble des établissements de santé. Nos révélations lèvent le voile sur une inertie responsable de la mort de plusieurs milliers de patients.