L’édifiant parcours de Christophe Borgel

Le député socialiste et numéro 3 du PS, candidat à la réélection sur la 9e circonscription de la Haute-Garonne, prône aujourd’hui l’exemplarité et le non-cumul des mandats. Ses trente années d’engagement politique racontent pourtant une toute autre histoire. Mediacités revient sur les zones d’ombre d’une trajectoire saisissante.

ASSEMBLEE NATIONALE
Christophe Borgel à l'Assemblée nationale ©Christophe Petit Tesson/MAXPPP

Jeudi 11 mai, en tout début de soirée, un attroupement se forme au 16 bis de l’avenue de l’URSS à Toulouse. Devant son local de campagne, Christophe Borgel lance sa course à l’élection législative sur la 9e circonscription de Haute‐Garonne. En chemise blanche, micro en main, le député socialiste sortant remercie pour leur présence les cadors du PS local. Ils sont venus, ils sont tous là : la présidente de la région Occitanie Carole Delga, le patron du département Georges Méric, l’ancien maire de la ville rose Pierre Cohen. Casting impeccable.

Cinq jours plus tard, à deux pas de la basilique Saint‐Sernin, la député socialiste Catherine Lemorton rassemble elle aussi quelques dizaines d’invités pour officialiser le début de son sprint législatif. Mais pour honorer la présidente de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, qui vise un troisième mandat sur la 1ère circonscription de Toulouse, point de Carole Delga ou de Georges Méric. « La première est retenue à Montpellier, le deuxième en vacances. Mais ils soutiendront lors de prochaines réunions », excuse l’équipe de Catherine Lemorton. Pas de conclusion hâtive donc. Juste un constat. Sur les 10 candidats socialistes du département qui briguent un siège au palais Bourbon, Christophe Borgel est le seul à avoir réussi la photo de famille parfaite. Commentaire de Pierre Cohen : « Ah mais Borgel, c’est un malin… »

https://twitter.com/AxelPecalvel/status/862715641366810628

« Malin » ? Le propos est aimable. Il en vient pourtant de moins amènes dans la bouche de nombreux élus. Borgel ? « L’homme d’un clan, pour ne pas dire d’un gang », lâche un ancien conseiller départemental. « Un commissaire politique », soupire un député. « Un tueur à sang froid », assassine un autre. « Le charlot de Solférino », matraque Philippe Saurel, le maire de Montpellier. « Je lui ai confié un jour le surnom qu’on lui donne chez les écolos : un Borgel, des Borgia », raconte le conseiller régional EELV Gérard Onesta. À noter : tous ces noms d’oiseaux viennent d’hommes et de femmes de gauche. Rien de très étonnant. Christophe Borgel est depuis 2008 secrétaire national du PS aux élections. Quand on a la haute main sur les investitures et les alliances électorales, on ne se fait pas que des amis. La fonction expose. Surtout quand on profite du costume d’arbitre pour s’imposer maître du jeu.
Un parachutage délicat
C’est ainsi que le landerneau politique de Haute‐Garonne découvre Christophe Borgel à la veille des élections législatives de 2012. Deux prétendantes socialistes se disputent l’investiture dans la 9e circonscription, promise par le PS à une femme, parité oblige. Mais entre la conseillère régionale Nadia Pellefigue et l’adjointe au maire de Toulouse Anne Crayssac, le torchon brûle. Le scrutin de sélection n’est pas clair, les résultats du vote sont contestés et l’embrouille remonte rue de Solférino. Où Christophe Borgel doit éteindre l’incendie. Il ne tarde pas à trouver la solution « soufflée », jure‐t‐il, par la première secrétaire du PS Martine Aubry : s’investir lui‐même. Et voilà notre homme tout soudain parachuté dans le sud‐ouest. « Un cadeau pour les Haut‐Garonnais », vante Martine Aubry lorsqu’elle viendra soutenir sa campagne.

Sauf que localement, de nombreux socialistes n’ont guère envie de dire merci. Les deux prétendantes déchues tempêtent dans leur coin mais se plient au verdict de Paris. Le président du conseil général Pierre Izard regimbe lui aussi avant d’accepter en maugréant la discipline du parti. En revanche, une demi‐douzaine de maires socialistes du canton de Portet, au sud de la circonscription, mènent la fronde. En février 2012, ils créent un « collectif pour un parti socialiste digne », qui va compter plus de 250 adhérents. Les mutins ne cèdent pas aux menaces d’exclusion et finissent par appuyer un autre candidat : Thierry Cotelle, alors maire adjoint à Toulouse, ancien socialiste passé chez les chevènementistes.

La bataille législative est sévère. Au premier tour, Christophe Borgel pointe en tête, mais avec le plus mauvais score des neuf socialistes engagés dans le département, 29,88 %. Troisième, Thierry Cotelle réalise tout de même 15,04 %. Alors certes, le candidat officiel du PS triomphe avec 64,69 % au second …

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Par Jean-Luc Ferré

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