« On sent que la direction est en train de sonner la fin de la récré ». Pauline Salingue, déléguée CGT et membre du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’hôpital de Purpan à Toulouse, tapote nerveusement sur la table en bois, au milieu du jardin d’enfants de sa résidence du quartier de Jolimont. La trentenaire surveille sa fille qui glisse sur un toboggan. Dans ses mains, elle tient trois feuilles. Ce sont trois convocations disciplinaires, signées de la main du directeur général du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse et du directeur adjoint du pôle Ressources humaines. « Et j’en ai encore trois autres comme ça, qui visent toutes des membres de la CGT », annonce‐t‐elle. Autant de preuves d’une situation devenue intenable entre les syndicats et la direction de l’hôpital.
Un suicide met le feu aux poudres
Le dialogue social était déjà tendu depuis plusieurs années, selon la CGT. Mais, le 13 juin 2016, tout s’emballe. Dans la nuit, un infirmier du service d’hypertension artérielle du site de Rangueil met fin à ses jours. Sa collègue le retrouve enfermé dans le bureau qu’ils partagent, vers 9 heures. Une fois la porte forcée par les employés de sécurité, le personnel de l’hôpital ne peut que constater le suicide. Par « injection de curare [substance qui provoque une paralysie des muscles, NDLR] et anesthésiant », précise le rapport de la commission d’enquête interne du CHU, daté de juillet 2016 et consulté par Mediacités. Le jour‐même du suicide, une procédure de Danger grave et imminent (DGI) est initiée pour permettre la tenue, sous 24 heures, d’un CHSCT extraordinaire. Le personnel est réuni le 13 juin à 13 h 30, puis l’épouse de l’infirmier et sa sœur sont reçues une heure plus tard.
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Une cellule de soutien psychologique arrivée trop tardivement
Le cabinet Addhoc est chargé par le CHSCT du CHU de Toulouse de l’enquête concernant le suicide. Plusieurs mois avant le drame, dès le début de l’année 2016, un membre du CHSCT avait d …