L’usine, impressionnante, a poussé derrière l’incinérateur d’ordures ménagères de Bessières, à 30 km au nord de Toulouse. Sous les hautes parois en verre couvertes de buée, 100 000 pieds de Clodano, variété de tomates‐grappe mise au point par la multinationale suisse Syngenta, rougissent dans une moiteur tropicale. Un camion‐citerne immatriculé dans le 64 (Pyrénées‐Atlantiques) vient remplir la cuve de gaz carbonique, injecté dans la serre géante au rythme de 15 tonnes par jour pour doper la production végétative. Cette cathédrale de verre a été érigée en seulement six mois, de la fin de l’été 2015 à l’hiver 2016, dans la zone du Triangle, entre la rue des Maraîchers et l’avenue de l’Industrie.
« Le mot industrie me gène un peu », dit Gilles Briffaud, propriétaire des lieux. A 67 ans, ce serial‐agriculteur est fier de faire visiter son nouveau domaine. Jeans, chemise de baroudeur et fins cigarillos. Derrière son look de cow‐boy se cache un agro‐businessman qui pèse plusieurs millions d’euros. Outre ses terres de Saint‐Caprais, à Grenade‐sur‐Garonne, le « boss » des Serres de Bessières exploite des vignes et des céréales dans le Tarn, produit des pommes et des melons dans le Tarn‐et‐Garonne, des prunes dans le Lot‐et‐Garonne, des fraises en Dordogne, etc. « J’ai converti une zone artisanale en terres agricoles », proclame ce diplômé de l’école supérieure d’agronomie de Toulouse‐Purpan.
Des pieds de tomates plantés dans des pains de laine de roche plastifiés
En fait de « terres agricoles », les pieds de tomates sont plantés à perte de vue dans des pains de laine …