Jean Tirole : les ambiguïtés d’un business

Le prix Nobel 2014 jure que « les scientifiques ne travaillent pas pour l'argent ». Pourtant, à la Toulouse School of Economics, il est à la tête d'un système qui lui permet, ainsi qu'à une cinquantaine de chercheurs, de bénéficier de primes et de mener des activités de conseil lucratives.

JEAN TIROLE-01
Jean Tirole le jour de sa nomination au prix nobel d'économie. 13 octobre 2014, Toulouse. Photo: Frédéric Scheiber.

Jean Tirole aime à se faire passer pour l’incarnation de la retenue. Voire du désintéressement. Il avait confirmé ce sens de l’humilité dans une interview donnée à Paris Match en 2015 : « Les scientifiques ne travaillent pas pour l’argent ». Sans doute. Ceci n’empêche pas le prix Nobel 2014 de compléter astucieusement son salaire de professeur, qui plafonne en fin de carrière à environ 5 000 euros mensuels, par divers moyens.

Depuis 1994, Jean Tirole est le président d’une société par actions simplifiées baptisée Tirole Economie. Cette société mène des activités de « conseil, consultation, assistance, prestations intellectuelles dans le domaine de la micro‐économie, économétrie, économie industrielle et économie financière ». La loi Le Pors interdit aux fonctionnaires « la participation aux organes de direction de sociétés ou d’associations », sauf les associations à but non‐lucratif du genre « association de quartier », ou à caractère « social et philanthropique », etc. Une exception notable est prévue dans le cas où le fonctionnaire concerné n’occupe qu’un emploi à temps partiel d’un maximum de 70 %. Est‐ce le cas de Jean Tirole ? A‑t‐il diminué son contrat de travail – et son traitement – de 30 % pour pouvoir présider son entreprise ? Cela semble peu vraisemblable. Mais nous ne le saurons pas puisque l’intéressé n’a pas souhaité répondre à notre sollicitation.

Ce que l’on sait, en revanche, c’est que la petite entreprise ne connaît pas la crise. Sur la période 2005–2010, elle a engrangé la coquette somme de 319 000 euros. A cette époque, Tirole Economie était une société civile dont le capital était partag …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 5 minutes

Favorite

Par Frédéric Dessort

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 75% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes