« La typologie des logements assurera l’accès de tous au nouveau grand centre‐ville – propriétaires et locataires aux différents niveaux de revenus – de manière à garantir la mixité sociale. » Telle est la promesse figurant sur le site web du colossal projet d’urbanisme Toulouse Euro Sud Ouest (TESO), qui doit métamorphoser le quartier de la gare Matabiau. De quoi dessiner un rictus ironique sur le visage d’Eric. A 50 ans, cet ancien habitant de Bonnefoy, le quartier historique des cheminots à l’est de la gare, est désormais installé « à la campagne ». Il revient parfois faire la manche dans le secteur où il a vécu quelques années, dans un studio de moins de 30 mètres carrés d’un immeuble de l’avenue de Lyon, pour 380 euros par mois. « Avec juste un velux et une porte, précise‐t‐il. Et quand il y avait les grosses pluies d’automne, ça tombait dedans ». A ses yeux, aucun doute : ce vaste programme de rénovation urbaine est une opération visant à faire grimper les loyers pour chasser « les pauvres de chez pauvre » et les remplacer par des cadres supérieurs.
Ce n’est évidemment pas comme un processus de gentrification que la mairie de Toulouse présente ce vaste projet urbain co‐porté par l’Etat, la Région, le Département, Toulouse Métropole, la Sncf et le réseau de transports en commun Tisseo. Il s’agit plutôt « d’étendre le centre‐ville de Toulouse pour qu’il soit à la hauteur de son rang de capitale régionale et valoriser les quartiers aux abords de la gare ». Le programme concerne une aire de 135 hectares des quartiers de Bonnefoy, Matabiau‐Bayard, Marengo, Jolimont et Périole, où résident plus de 80 000 toulousains. Le niveau de vie y demeure plutôt modeste. Autour de la Place‐Belfort, par exemple, un secteur connu pour ses nombreux sex‐shops et clubs de strip‐tease, le revenu médian annuel est de 20 411 euros, selon l’Insee. On est loin des 26 469 euros du quartier de la place Wilson ou des 30 491 euros de Croix‐Baragnon…
Trois phases de …