CHU Leaks : ces documents confidentiels qui accablent l’hôpital toulousain

Mediacités a eu accès à plus de 26 000 fiches d’incident enregistrées par le personnel du CHU de Toulouse. Graves dysfonctionnements techniques, manque d'effectif, mise en danger des patients : cette fuite inédite de documents confirme la situation plus qu'inquiétante de l'hôpital toulousain.

HOPITAL RANGUEIL 02
Sur les hauteurs de Toulouse, l'hôpital de Rangueil. Frédéric Scheiber / ANDIA

Octobre 2016 : « Une journée de plus où nous rentrons chez nous avec le sentiment d’avoir bâclé notre travail et de réaliser la mise en danger des patientes et de nous, personnel hospitalier », écrit une soignante de l’hôpital Paule de Viguier. Ce témoignage est extrait d’une fuite de 26173 formulaires appelés « fiches d’incident », enregistrées par le personnel du CHU de Toulouse. Alors qu’en dix ans, le ministère de la Santé a réalisé 7 milliards d’économies sur le budget de l’hôpital public, et que les professionnels de la santé sont de plus en plus nombreux à exprimer leur ras‐le‐bol, ces documents offrent un éclairage glaçant sur la situation au sein du centre hospitalier toulousain.

Les fiches d’incident sont des rapports internes aux hôpitaux de Toulouse, rédigés informatiquement par le personnel pour signaler un événement indésirable. Ces formulaires sont ensuite centralisés par des services administratifs qui doivent apporter une solution aux difficultés rencontrées par les soignants. La fuite de ces 26173 documents confidentiels est due à une erreur des services informatiques des hôpitaux de Toulouse qui les ont temporairement rendus visibles sur tous les ordinateurs reliés à l’intranet de l’hôpital. C’est ainsi que Mediacités a pu se procurer la quasi‐totalité des fiches d’incident émises par le CHU depuis septembre 2013 et jusqu’en mars 2017.

Ces « CHU Leaks » sont donc constitués de milliers de témoignages bruts de soignants pointant parfois des problèmes logistiques bénins, parfois de graves anomalies de fonctionnement mettant en danger la vie des patients. Nous avons sollicité la direction de l’hôpital qui, tout en reconnaissant les faits, s’est employée à en minimiser la teneur. La CGT n’a pu que déplorer une situation dramatique que le syndicat majoritaire dénonce depuis de longues années.
Des dysfonctionnements techniques récurrents
Parmi les fiches d’incident, plusieurs dizaines mettent en lumière des dysfonctionnements techniques graves. En janvier 2016, par exemple, un cardiologue de Rangueil signale un défibrillateur qui « ne reconnaît pas le signal au moment de choquer le patient » lors d’une urgence vitale. Le 20 septembre 2016, deux tensiomètres « ne fonctionnent pas …

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Par Pablo Tupin et Hakim Mokadem

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