Le film fétiche des fondateurs des cinémas Utopia s’appelle The Molly Maguires. Tourné en 1969, il raconte le combat de mineurs sabotant les installations du patron qui les exploite. Cette « déclaration formidable d’insoumission à l’ordre injuste et mutilant qui enrichit toujours plus les uns et affame toujours plus les autres », comme l’écrivent Anne‐Marie‐Faucon et Michel Malacarnet dans le journal maison, la Gazette d’Utopia, leur a donné envie d’ouvrir des cinémas. Le symbole est beau. Mais colle‐t‐il vraiment à la réalité ?
Cinéma emblématique en Haute‐Garonne, reconnu pour la qualité de sa programmation et ses prix bas, Utopia est une institution pour le milieu associatif et syndicaliste. Mediacités s’est intéressé aux pratiques patronales du duo Faucon‐Malacarnet. Depuis septembre 2017, nous avons rencontré ou échangé par téléphone et messagerie avec plus d’une vingtaine de personnes (actuels et anciens salariés d’Utopia, professionnels du secteur, syndicalistes et chercheurs). Sur la foi de ces témoignages, il semble que le climat social de l’entreprise soit plus proche de celui dépeint dans les mines de Pennsylvanie de The Molly Maguires, que de l’utopie imaginée par les spectateurs toulousains.
Le cinéma Utopia de Toulouse a vu le jour en 1993, celui de Tournefeuille en 2003. Ils rencontrent un succès important auprès du public, regroupant une moyenne annuelle de 500 000 entrées par an à eux deux. Jusqu’en 2016, date à laquelle le cinéma toulousain est vendu par Anne‐Marie‐Faucon et Michel Malacarnet et devient l’American Cosmograph, les deux cinémas Utopia de Haute‐Garonne sont exploités par la SARL (société à responsabilité limitée) Utopia Latin
La SARL Utopia Latin n’exploite désormais plus que le cinéma Utopia de Tournefeuille. Le réseau Utopia …