Le budget ou le calendrier ? Est‐il possible de livrer la troisième ligne de métro en 2025 sans déraper financièrement ? C’est LA question à 3 milliards d’euros qui émerge sous le véritable bras de fer engagé par la Chambre régionale des comptes (CRC) avec Tisséo. Les magistrats financiers, installés à Montpellier depuis la création de la grande région Occitanie, ont passé au peigne fin les comptes du syndicat mixte chargé des transports publics de l’agglomération toulousaine. Ils ont aussi contrôlé ses deux satellites opérationnels chargés d’exploiter le réseau en régie et de conduire les travaux des nouvelles lignes. Avec une attention toute particulière portée aux premiers appels d’offres lancés par Tisséo Ingénierie pour attribuer des parts du marché du futur chantier du Toulouse Aerospace Express (TAE), divisé en plusieurs lots.
La lecture du troisième et dernier rapport de la CRC, discrètement publié au lendemain du rapport national de la Cour des Comptes et de l’assemblée du conseil syndical de Tisséo réuni le même jour, jette une lumière crue sur la vraie‐fausse concurrence qui règne parmi les entreprises pour décrocher le « jackpot ». Ce document détaille par le menu (55 pages) les conclusions de la Cour des Comptes regrettant d’une phrase lapidaire que « les procédures de marchés adoptées par Tisséo Ingénierie favorisent le regroupement de grandes entreprises dans un secteur déjà oligopolistique ».
Les magistrats financiers insistent pour multiplier les appels d’offre dans le but de favoriser la concurrence. Ils déplorent les ententes entre les rares entreprises du secteur et pointent la consanguinité entre ingénieurs du privé et de Tisséo. En creux, on comprend que les ingénieurs répugnent à saucissonner le chantier en une multitude de lots afin de respecter le calendrier extrêmement serré fixé par le maire de Toulouse. Jean‐Luc Moudenc et son premier adjoint, Jean‐Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités, auraient …