Situé entre Agen et Montauban, le Centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Golfech fait partie du paysage tarn‐et‐garonnais. Seule centrale d’Occitanie, ses réacteurs à eau pressurisée assurent 55 % de la consommation d’électricité de la région. Le 9 mars, la centrale faisait tristement parler d’elle : près de 200 mètres cubes d’eau mélangés à un produit chimique non radioactif ont été déversés par erreur dans la Garonne.
Lancé à la fin des années 70, le projet de construction de la centrale de Golfech a suscité d’emblée la controverse. A l’époque, la France a décidé de miser sur le tout‐nucléaire au nom de son indépendance énergétique. La catastrophe de Tchernobyl n’a pas encore eu lieu mais dans l’imaginaire collectif, le nucléaire est avant tout associé au militaire et à la bombe atomique. Dans les cercles politiques de gauche, la lutte s’organise pour contrer l’implantation de la centrale dont la construction débute en 1980. L’année suivante, François Mitterrand, fraîchement élu président de la République, ordonne la suspension du projet sous la pression de ses alliés écologistes. Le chantier redémarre deux ans plus tard, mais sera moins ambitieux que prévu. Au lieu des quatre réacteurs annoncés, la centrale n’en aura que deux.
Depuis sa mise en activité au début des années 90, les contestations ont été en partie calmées par les grosses recettes fiscales apportées par la centrale. Le nucléaire n’a pourtant pas franchement redoré son image. Après Tchernobyl, une autre catastrophe est venue relancer la défiance : celle de Fukushima, survenue en 2011. Le risque de tremblement de terre à Golfech a beau être très faible, des nouvelles dispositions ont été prises pour la sécurité des habitants alentours. Car les conséquences en cas d’accident peuvent être dramatiques. Depuis fin 2018, toutes les communes situées dans un périmètre de 20 kilomètres autour d’une centrale sont préparées à réagir en cas d’accident nucléaire. Jusqu’alors, ces mesures ne concernaient que les 18 000 habitants vivant dans les dix kilomètres autour de la centrale. Ils sont désormais 180 000 à être concernés. Des pastilles d’iode sont également distribuées dans les foyers pour empêcher la thyroïde d’aspirer de l’iode radioactif en cas d’incident.
Le centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Golfech est l’un des plus récents de France : le premier réacteur a été mis en service en 1991, le second en 1994. Par conséquent, le site n’est pas concerné par le projet d’arrêts de réacteurs annoncé par Emmanuel Macron en novembre 2018. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit l’arrêt de 14 des 58 réacteurs présents sur le sol français d’ici 2035. L’objectif ? Faire passer la part du nucléaire de 71,5 à 50 %. La programmation prévoit également la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim (Haut‐Rhin) d’ici 2020.
Le nucléaire français se voit par ailleurs contraint à l’évolution pour une raison très prosaïque : son prix a augmenté de 20 % en trois ans pour bientôt atteindre 60 € le mégawatt/heure. Dans le même temps, le prix des énergies renouvelables ne cesse de diminuer. Mais paradoxalement, l’argument majeur mis en avant par les défenseurs du nucléaire est écologique : à l’heure du réchauffement climatique, une énergie qui ne rejette pas de CO² dans l’atmosphère ne peut qu’être une solution d’avenir, selon eux …