Covid‐19 : Comment Airbus a obtenu un passe‐droit pour les fournitures de masques

Bien que classé dans un secteur d'activités jugé "non-prioritaire", l'avionneur Airbus a quand même bénéficié d'un traitement de faveur pour l'envoi de masques de protection qui faisaient cruellement défaut aux personnels soignants, selon une enquête de Mediapart.

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Réserve de masques FFP3 dans une usine française d'Airbus, prise après la reprise du travail le 21 mars 2020. / © Document Mediapart

Dans son enquête‐fleuve « Masques, les preuves d’un mensonge d’État », parue ce 2 avril, Mediapart s’intéresse au cas d’Airbus et montre comment l’avionneur toulousain « semble avoir bénéficié d’un traitement de faveur » en recevant des masques alors que des personnels soignants continuent à travailler sans cet équipement protecteur, faute de stocks suffisants. En accord avec Mediapart, nous republions ici l’acte IV de cet article.
La cellule de Bercy et le scandale Airbus
C’est le credo du gouvernement depuis le début de la crise : « La distribution des masques privilégie toujours les soignants et les personnes les plus fragiles », répétait, samedi 28 mars, le ministre Olivier Véran. C’est exact, mais « privilégier » ne signifie pas « réserver ». S’il a été fortement réduit, le gouvernement n’a jamais coupé l’approvisionnement des entreprises, au nom de sa politique consistant à préserver autant que possible l’activité économique. 

Lorsque le gouvernement a réquisitionné, le 3 mars, par décret, tous les masques présents sur le territoire, il n’a pas ordonné la saisie de l’intégralité des stocks des entreprises. Selon Marianne, le ministère de la santé avait souhaité récupérer, une semaine plus tard, les masques de l’industrie agroalimentaire, qui en consomme plus de 1,5 million par semaine. Avant d’y renoncer sous la pression des industriels et du ministre de l’agriculture.

Après une période de flottement, le gouvernement a précisé les règles : les entreprises qui avaient l’obligation légale de fournir des masques à leurs salariés avant la crise, pour des raisons de sécurité au travail, peuvent continuer à le faire, a indiqué le 30 mars la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier‐Runacher, lors d’un point presse …

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