Mais que se passe‐t‐il au Capitole ? Au fur et à mesure de nos enquêtes, la rédaction de Mediacités Toulouse a eu vent de remontées troublantes concernant le fonctionnement du cabinet du maire. Pressions démesurées, épuisement, démissions en série… Ces échos alarmants nous ont paru trop répétitifs pour que nous les laissions de côté. Alors, nous avons lancé une enquête au long cours, recueilli de nombreux témoignages, recoupé des faits et réunis des documents… Et avons été de surprise en surprise.
Premier constat : le cabinet du maire subit un turn‐over incroyable des collaborateurs. D’après notre décompte, 25 personnes ont quitté le cabinet entre 2014 et aujourd’hui : 18 lors du premier mandat et 7 depuis la réélection de Jean‐Luc Moudenc en juin 2020. En moyenne, ces collaborateurs ne sont pas restés en place plus de deux années et demie. Pour une structure de 17 personnes, un tel roulement des effectifs sort de l’ordinaire. Sous le mandat du socialiste Pierre Cohen, par exemple, onze des douze membres du cabinet ont conservé leur poste durant les six années du mandat.
« Dans ce milieu, on bouge beaucoup, mais là, on dépasse les proportions normales », estime Michel*, un ex‐cadre des premières heures, qui n’accepte de témoigner qu’anonymement. Un autre collaborateur recruté plus tardivement, que nous appellerons Wilson*, confirme notre décompte : « Je savais en arrivant que les gens ne restaient pas plus de deux ans alors qu’ils peuvent se maintenir une dizaine d’années en poste dans d’autres collectivités. Il y a trop souvent d’offres sur le cabinet de Toulouse pour que cela soit anodin. »
Nous avons interrogé Arnaud Mounier, le directeur de cabinet de Jean‐Luc Moudenc depuis six ans, pour comprendre. Celui‐ci s’est inscrit en faux. « Vos statistiques sont erronées, nous a‑t‐il répondu par mail. Celles qui émanent de la direction des ressources humaines semblent tout à fait dans la norme pour le cabinet d’une très grande ville‐métropole. » Sans surprise, le maire LR de Toulouse appuie son directeur de cabinet dans la réponse par SMS qu’il nous a envoyée : « Mon expérience d’ancien directeur de cabinet, corroborée par mes échanges avec mes homologues de très grandes villes, me permet également de confirmer que le niveau de turn‐over est semblable à celui des autres cabinets de très grande ville. Travailler au sein du cabinet de Toulouse et sa Métropole n’est pas un simple travail comme un autre : on y connait une pression considérable et l’exigence de l’urgence permanente. »
D’après la mairie, neuf des 19 collaborateurs de cabinet ont occupé leur poste pendant au moins cinq ans au cours du mandat précédent et « 10 collaborateurs ont occupé leur poste pour une durée moindre ». À défaut d’avoir obtenu un tableau précis invalidant notre comptage, nous maintenons nos informations. Elles nous ont été confirmées – séparément – par trois anciens membres du cabinet.
Un indice supplémentaire va dans le sens de notre constat. Arnaud Mounier semble avoir eu beaucoup de difficultés à composer sa nouvelle équipe après la réélection de Jean‐Luc Moudenc en 2020. Cinq mois après le scrutin, un cadre et deux chargés de mission étaient encore en processus de recrutement, indiquait La Dépêche.
Des conditions de travail oppressantes
Comment s’explique ce niveau élevé de turn‐over ? Pour le comprendre, nous avons recueilli une vingtaine de témoignages. À deux exceptions près, ils convergent. Si la précarité des contrats de collaborateurs implique une certaine volatilité, l’explication véritable tiendrait à des conditions de travail oppressantes. Un homme – et un seul – concentre les critiques : Arnaud Mounier, l’actuel directeur de cabinet.
Homme de confiance du maire de Toulouse, ce trentenaire a rencontré Jean‐Luc Moudenc en 2010, après la défaite de ce dernier aux municipales de 2008. Collaborateur municipal, il devient collaborateur parlementaire du député Jean‐Luc Moudenc en 2012. Deux ans plus tard, dans le sillage d …