Pas encore officiellement candidat, Éric Zemmour dispose pourtant, depuis des mois, d’une équipe de campagne en ordre de marche. Non seulement il compte sur un staff national resserré de onze personnes déjà détaillé par Mediapart, mais il s’appuie aussi dans tout le pays, selon d’autres listes et courriels en notre possession, sur des militants souvent violents issus de l’Action française, la Ligue du Midi ou des anciens de Génération identitaire.
Coordinateurs départementaux et de pôles thématiques, ces militants s’occupent des parrainages, des levées de fonds, distribuent le matériel de campagne, assurent la sécurité lors des déplacements du non‐candidat…
Leurs parcours sont cependant parfois si compromettants que certains sont en train de disparaître de l’organigramme officiel alors que la date de l’annonce de la candidature approche.
Loin du storytelling selon lequel une organisation se serait structurée de façon spontanée pour soutenir le polémiste, ce sont en effet les organisations d’extrême droite les plus anciennes et parfois les plus sulfureuses qui sont en grande partie aux commandes de la campagne de Zemmour.
Dans le dispositif qui s’est mis en place il y a maintenant près d’un an, l’Action française occupe une place de choix. Les listings obtenus par Mediapart montrent les militants royalistes à des postes importants du dispositif, qu’ils soient « responsables jeunes » ou « coordinateurs départementaux ». Leur appartenance à l’Action française – loin d’être mise sous le tapis – est soigneusement notée dans les fichiers internes. Comme si appartenir à une organisation qui prône le renversement de la République, méprise la démocratie et se revendique de Charles Maurras était un atout.
« Beaucoup de militants de l’Action française sont impliqués dans la campagne d’Éric Zemmour parmi nos militants, une partie de nos cadres et de nos financeurs le soutiennent », confirme à Mediapart le porte‐parole de l’organisation royaliste Antoine Berth, lui‐même membre de Génération Z. « On fournit une bonne partie de l’équipe de campagne chez les jeunes. »
La mise en place des équipes a commencé sur le terrain il y a environ un an, et l’Action française, qui revendique 3 000 adhérents et 1 500 militants actifs, surtout dans les facs, a tout …