En Ariège, des séjours à la campagne pour citadins en détresse

Depuis deux ans, Gratianne Thierry fait découvrir le monde agricole ariégeois à des personnes vivant dans la précarité à Toulouse. Cette monitrice éducatrice porte un projet social et culturel inédit : créer des passerelles entre deux mondes isolés, abattre les stéréotypes et restaurer la dignité des personnes.

Gratianne THierry 1
Gratianne Thierry a créé l'association Second'Air pour donner une bouffée d'oxygène à des personnes en difficulté à Toulouse. / Crédit Photo Claire Alfaya

Courbés devant des courges, Hamid et Djamila désherbent avec dextérité les rangées de cucurbitacées. Le geste est précis et les renvoie à leur vie passée dans le djebel marocain. « Je sais faire ça. Chez moi aussi, on cultivait tout. On ramassait le blé tous ensemble et on faisait le pain », sourit Djamila. Depuis deux ans, la réalité de ces deux cinquantenaires s’était bien éloignée des champs. Embourbé dans des démarches administratives, le couple sans papier n’avait jamais quitté Toulouse depuis leur arrivée dans la ville en 2019. Dans le piémont ariégeois, leurs rires reviennent et résonnent haut. « Merci ! Merci pour tout ce que vous nous offrez. Aujourd’hui, j’ai le cœur en fête », s’exclame Djamila en se relevant, au milieu des hautes herbes.

À côté d’eux, Sophie n’en revient pas devant tant d’enthousiasme. Maraîchère depuis vingt ans, cette quinquagénaire est fatiguée de travailler 14 heures par jour en été pour vendre des légumes bio à trois euros maximum le kilo. Alors elle accueille avec plaisir ces compagnons temporaires, venus de la ville respirer le grand air de la campagne à Tourtouse. « C’est tellement soutenant ce que propose cette association. On réalise en une matinée ce que je ferais seule en trois jours, réalise‐t‐elle les larmes aux yeux. La nature est résiliente et apaise. Je suis sûre que le contact avec la terre fait du bien à tout le monde. »

« Ici, on me salue comme une personne, je me sens respectée et je n’ai pas peur de me faire arrêter ! »

C’est dans les environs de ce petit village fortifié de 141 habitants, situé à une heure de Toulouse, que l’association Second’Air organise depuis 2018 des séjours de rupture chez des paysans pour des personnes sans‐abris et parfois sans‐papiers. Certains d’entre eux ont des problèmes d’addictions ou psychologiques ; d’autres vivent dans l’attente d’être régularisés et de trouver un travail. La plupart n’a …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 7 minutes

Favorite

Par Sophia Marchesin

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 75% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes