C’est la goutte de brutalité managériale qui pourrait faire déborder le vase de colère médicale. Depuis le vendredi 17 décembre, le service de médecine interne et polyvalente de l’hôpital Joseph‐Ducuing de Toulouse ne fonctionne plus : en pleine cinquième vague de Covid, ce service a fermé ses portes. Disposant de 36 lits, gérés par quatre médecins internistes, trois internes et quatre médecins spécialisés (deux diabétologues, un cancérologue, un addictologue), il était réputé de longue date pour la qualité de son travail et sa polyvalence, le tout en secteur 1, c’est-à-dire sans dépassement d’honoraires.
Cette fermeture – qui s’est faite dans la discrétion, aucun média local n’ayant relayé l’information – n’est même pas une énième histoire de service hospitalier sacrifié sur l’autel de la rentabilité. En 2020, un rapport de la chambre régionale des comptes indiquait que le secteur médecine de Joseph‐Ducuing était le seul de l’hôpital à « dégager un excédent » (d’environ un million d’euros en 2018) quand les trois autres secteurs (urgences, gynéco‐obstétrique et chirurgie) étaient déficitaires.
Elle est la conséquence des départs successifs, depuis cet été, de quatre médecins : l’ancien chef de service, deux autres internistes et une cancérologue. Le premier d’entre eux, Francis Gaches, interniste de 60 ans, travaillait depuis 1996 dans cet hôpital privé à but non lucratif (anciennement nommé « Varsovie », du nom de la rue où il se trouve) créé en 1944 par des résistants républicains espagnols.
« J’ai subi un management très agressif de la direction »
« Je suis un militant de la médecine humaine, humanitaire, sociale, je m’inscrivais complètement dans cette histoire », témoigne‐t‐il. Après avoir relancé et consolidé le service de médecine interne en y développant la prise en charge de certaines maladies rares, tout en maintenant son caractère social (accueil de sans‐papiers, toxicomanes, malades du sida, etc.), il a quitté Joseph‐Ducuing le 28 septembre 2021, licencié après avoir été déclar …