Mixité sociale dans les collèges : une vitrine pas si rose

Depuis 2017, des élèves des quartiers populaires toulousains sont scolarisés dans des collèges du centre-ville. Le récit élogieux qui accompagne cette expérimentation invisibilise les critiques sur la rigidité du dispositif, le manque de moyens et la persistance de représentations stigmatisantes.

Mixité sociale dans les collèges novembre 2022
Une collégienne dans un établissement toulousain. / Crédit photo Frédéric Scheiber

Le dispositif de mixité sociale dans les collèges toulousains ? Une vitrine, un modèle. Un « exemple » même, a estimé le ministre de l’Éducation nationale Pape N’Diaye le 26 août, lors de sa conférence de presse de rentrée.

Une semaine plus tard, de passage le 2 septembre au collège Émile Zola, dans le quartier Saint‐Michel, il enfonçait le clou. « À Toulouse, la mixité sociale est au cœur du projet pédagogique du collège Émile Zola. En partenariat avec les collectivités locales, l’établissement travaille à favoriser la mixité réelle. Cette coordination locale doit pouvoir se développer partout en France ! », soulignait‐il sur son compte Twitter.

Lancé en 2017, par le Conseil départemental et le rectorat, le plan d’amélioration de la mixité sociale dans les collèges haut‐garonnais a permis d’envoyer, en cinq ans, plus de 1 200 élèves venus des quartiers de Bellefontaine et de la Reynerie, zone du grand Mirail, dans onze collèges situés dans des quartiers « mieux cotés » de la métropole. Estampillés « ghettos », les deux anciens collèges du Mirail, Badiou et Bellefontaine, ont été fermés et seront bientôt détruits. Depuis la rentrée, ils sont remplacés par Saint‐Simon et Guilhermy. Deux établissements neufs qui, contrairement à Badiou et Bellefontaine, ne bénéficieront pas du label réseau éducation prioritaire (REP et REP +). 

Un bilan globalement positif
Cinq ans après le lancement du plan, des chiffres attestent de son succès. La première cohorte d’élèves concernés par le projet en 2017 a obtenu un taux de réussite au brevet de 63 % en 2021. Au terme de leur année de 3e, 80 % des collégiens concernés préfèrent poursuivre leur scolarité dans des lycées du secteur d’affectation plutôt que de revenir dans des établissements à proximité de leur lieu de résidence.

Interrogés par Mediacités, les responsables locaux sont au diapason du satisfecit ministériel. « Le dispositif était ambitieux, hors‐norme et son bilan est assez exemplaire », apprécie Choukri Ben Ayed, sociologue chercheur accompagnant le projet. « L’expérimentation porte ses fruits », se félicite Vincent Gibert, vice‐président (PS) du Conseil départemental chargé de l’éducation et des valeurs de la République. Malika Baadoud, directrice de l’association « L’école et nous » qui a soutenu le projet depuis le début, assure de son côté avoir reçu « des retours extrêmement positifs des parents ».

La réussite du dispositif – sur laquelle le Département a beaucoup communiqué – a été très relayée dans les …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 9 minutes

Favorite

Par Emmanuel Riondé

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 75% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes