Dans la salle d’audience numéro 5 du tribunal de Toulouse, une frêle quinquagénaire avance à la barre. Toute vêtue de noir, Emmanuelle R., pharmacienne de profession, comparaît devant le tribunal correctionnel pour avoir escroqué la CPAM de Haute‐Garonne entre 2015 et 2019. Des faits qu’elle conteste intégralement.
L’affaire commence en 2018, lorsqu’un contrôle de la CPAM de Haute‐Garonne repère des irrégularités dans la gestion de la pharmacie Bayard, située rue de Bayard à Toulouse. Une plainte contre X est déposée. L’enquête permet de déceler des anomalies de facturation et une augmentation importante de l’achat de chaussures orthopédiques.
340 000 euros de préjudice
Près de 200 chaussures médicales ont été achetées par la pharmacie entre 2015 et 2016. Or ce stock n’a jamais été délivré aux clients, selon une représentante de la CPAM de la Haute‐Garonne, interrogée à la barre, qui ajoute : « Il y avait aussi des produits de santé facturés sans carte vitale ou qui n’étaient pas mentionnés dans les ordonnances ».
Certains médicaments facturés par la pharmacienne ont également alerté la CPAM. C’est le cas de la visudyne, un médicament utilisé dans le traitement des patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Son prix avoisine les 1 000 euros. Celui‐ci avait été facturé, via de faux documents (ordonnance et facture) pour un enfant… L’ensemble de ces anomalies a un coût : 340 000 euros à la charge de la CPAM entre 2015 et 2019.
Pendant quasiment toute l’audience, Emmanuelle R. reste évasive, voire mutique face aux questions de la présidente Carole Mauduit …