Commencée à 19h15, la première commission de quartier de l’année du secteur 4.3 de Toulouse a duré trois heures à la salle des fêtes de Limayrac. Trois heures d’un flot presque ininterrompu d’informations exposées par la municipalité à la cinquantaine d’habitants des quartiers de Bonhoure, Guilheméry, Château de l’Hers et Côté Pavée. « Il fallait être vraiment motivé pour rester jusqu’au bout », confie Armel Descamps, un habitant de Côte Pavée qui est parti un peu avant 22 h, en ce lundi 9 janvier.
Venu pour la première fois à ce genre de rendez‐vous, le quarantenaire voulait en savoir plus sur les travaux en cours dans le quartier et échanger en direct avec les élus. Pour tailler le bout de gras avec Laurence Arribagé, la maire de quartier représentant la municipalité à cette réunion, il lui a fallu s’armer de patience et ingurgiter un long bilan sur les actions de la police municipale et les chiffres de la délinquance dans le quartier. Le temps consacré aux questions du public n’était prévu qu’en toute fin de réunion.
Un manque d’interactivité
« J’ignore si c’est fait exprès par la municipalité, mais le temps de parole en fin était trop court », juge cet ingénieur. Un constat partagé par Solange* une habituée des commissions de quartier. Si la quinquagénaire ne souhaite pas donner son identité « car elle travaille avec la mairie », elle a le souvenir de réunion où le temps d’échange était plus fourni.
En théorie, ces réunions publiques entre élus et habitants doivent avoir lieu deux fois par an et contribuer au renforcement de la démocratie locale. Leur format actuel serait perfectible selon Guillaume Drijard, président de l’Union des comités de quartier de Toulouse. « Dans beaucoup de commissions de quartiers, on constate que l’information est descendante. Les élus parlent du passé, mais peu de l’avenir », observe‐t‐il. Pour Gérard Coulon, président du comité de quartier des Ponts‐Jumeaux, toutes les commissions de quartier ne sont pas logées à la même enseigne. « Il y a un fossé entre celles qui se contentent d’être un exposé de la mairie et d’autres où la discussion est plus ouverte aux projets », nuance‐t‐il.
Guillaume Drijard, président de l’Union des comités de quartier à Toulouse. Photo : Clara Denis.
Lors de la commission de quartier du secteur 4.3, les thèmes abordés ont été la tranquillité publique, la sécurité et l’aménagement urbain dans le quartier. Cet ordre du jour doit être normalement décidé en amont par la municipalité et le bureau de quartier qui se compose d’acteurs associatifs.
Pourtant, selon Claire Debesses, présidente du Comité des quartiers de l’Hers et membre du bureau du secteur 4.3, cela n’a pas été le cas pour la commission de quartier du 9 janvier. « Nous n’avons jamais demandé d’évoquer ces thèmes lors de la réunion de novembre. C’est la mairie qui a décidé de les aborder à l’ordre du jour sans nous prévenir », explique‐t‐elle, en précisant avoir fait la demande pour discuter du bilan de la Jonction Est lors de la commission de quartier.
La maire de quartier Laurence Arribagé et son équipe auraient alors refusé au prétexte que le bilan de ce projet n’était pas encore finalisé. D’après Claire Debesses, cette pratique serait monnaie courante dans le secteur 4.3. « On découvre des ordres du jour qui ne correspondent pas toujours à ce qu’on avait défini lors de la réunion du bureau », observe‐t‐elle. Or, ce n’est pas ce que prévoit le système de démocratie locale à Toulouse. La municipalité doit concerter les membres du bureau pour fixer l’ordre du jour à évoquer en commission de quartier.
Deux promesses de campagne
La persistance de ces imperfections interroge, car le maire de Toulouse avait promis lors de la campagne municipale de « renouveler le fonctionnement des commissions de quartier » en formulant deux propositions. La première évoquait la possibilité d’élaborer l’ordre du jour des commissions « de manière collaborative entre le maire de quartier et les habitants, en complément du dialogue actuel avec les bureaux de quartier ». La seconde promettait de permettre aux habitants « de faire remonter des sujets à aborder sur la plateforme numérique jeparticipe.toulouse.fr ».
Capture écran + lien vers promesse
À ce jour, ni Claire Debesse, présidente du Comité de quartier de l’Hers, ni Guillaume Drijard, président de l’Union des comités de quartier, n’ont connaissance de la mise en œuvre de ces deux promesses. Selon l’UCQ Toulouse, la seule nouveauté concerne la recomposition des bureaux de quartier qui a eu lieu en 2022. Des représentants des ateliers citoyens organisés par la mairie, auraient fait leur entrée dans chaque bureau de quartier à Toulouse. Interrogée à ce sujet, la mairie n’a pas donné suite à nos questions.
Une récurrence inégale
Outre le retard sur le renouvellement du fonctionnement des commissions de quartier, leur occurrence pose également problème. En théorie, elles doivent être organisées deux fois dans l’année par le ou la maire de quartier pour maintenir le contact avec les habitants. L’année dernière, la municipalité n’a cependant pas respecté cette règle dans plusieurs quartiers de la commune. Comme le montre notre carte interactive, la maire de quartier Laurence Arribagé n’a par exemple organisé qu’une seule commission de quartier en mai 2022.
À l’inverse, d’autres maires de quartier à Toulouse ont fait le choix de scinder les ensembles de quartier en plusieurs pour y organiser une commission de quartier à plus petite échelle. C’est le cas d’Olivier Arsac, maire de quartier du secteur 3.2 réunissant les quartiers Sept‐Deniers, Ginestous et Lalande.
L’année dernière, deux commissions de quartier ont eu lieu dans les quartiers Lalande et Sept‐Deniers, contre une seule dans le quartier Ginestous. Aller ainsi au plus près des habitants permettrait, selon Guillaume Drijard, d’impliquer davantage les habitants dans les problématiques propres à leur quartier. Ce modèle va‐t‐il être élargi à l’ensemble des quartiers de Toulouse ?
Relancée en juin, six mois après nos premières demandes, la mairie a encore une fois botté en touche en refusant de nous répondre.
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