A69 : l’histoire d’un acharnement d’État

Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il à construire l’autoroute Castres-Toulouse malgré une opposition grandissante ? Plongée dans cette histoire qui mêle lobbying patronal et ambitions politiques.

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Malgré les oppositions, les travaux de l'A69 avancent le long du tracé. / Crédit photo Alain Pitton

« Le ton a changé ! » C’est le ministère des Transports qui le dit et cela se sent, au téléphone. « L’autoroute va se faire. L’État est déterminé à faire aboutir ce projet. Ce n’est pas un entêtement de l’État, c’est le respect de la règle du droit. » Fini les prudences d’expression, les « rien n’est définitif », les confidences sur les doutes du ministre sur le projet. Nous sommes le 17 octobre 2023 et le gouvernement a décidé de construire l’A69. Une mobilisation nationale a eu lieu les 21 et 22 octobre, rassemblant une dizaine de milliers de personnes dans le Tarn et causant des tensions autour d’une Zad en formation.

 

« Cette autoroute est emblématique d’un mode de décision hérité du passé, qui ne permet pas de construire la résilience et la décarbonation du futur dont nous avons besoin », a pourtant déclaré à Mediapart Valérie Masson‐Delmotte, climatologue reconnue par ses pairs au sein du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et membre du Haut Conseil pour le climat, cette instance créée par Emmanuel Macron pour évaluer les politiques publiques. 

Cinquante‐quatre kilomètres de route, en deux fois deux voies à travers champs, vignes, fermes, forêts, prairies, vergers, espaces naturels protégés et en partie en zone inondable : ce vieux projet conçu dans les années 1990 a de quoi faire dresser les cheveux sur les têtes écologistes.

https://www.mediacites.fr/environnement/toulouse/2023/10/16/toulouse-castres-la-bataille-de-la69-change-de-dimension/

Au total, ce sont 366 hectares – l’équivalent de cinq cents terrains de foot – qui doivent être artificialisés. Des milliers d’arbres doivent être abattus selon le collectif La Voie est libre, dont les militant·es comptent des spécialistes de l’aménagement.

Valérie Masson‐Delmotte n’est pas la seule chercheuse à sortir de sa réserve contre ce projet. Deux mille scientifiques ont cosigné une lettre ouverte au président de la République l’appelant à y « renoncer » : « Nous admettons qu’en dépit des impacts environnementaux que toute nouvelle infrastructure peut avoir, certains projets restent nécessaires. Mais pas celui‐ci. » Laurence Tubiana, figure clef de l’accord de Paris et ancienne garante de la Convention citoyenne sur le climat, est, elle aussi sortie de son habituelle réserve pour demander un moratoire sur l’A69 : « Réduire le débat du transport routier à l’échelle régionale est une erreur », car « Plus de routes = plus d’émissions », écrit‐elle sur son compte X (ex‐Twitter), or « la France métropolitaine bénéficie déjà du réseau routier le plus important d’Europe ».

https://www.mediacites.fr/breve/toulouse/2023/09/25/200-scientifiques-toulousains-demandent-larret-de-la69/

Ce n’est pas fini. Le climatologue Christophe Cassou, également coauteur du Giec, a pris la parole, 

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Par Mediapart, Emmanuel Riondé (Mediapart), Pauline Graulle et Jade Lindgaard (Mediapart)

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