« Je ne veux pas que cette affaire passe inaperçue. Le fait qu’il y ait eu quatre ans de procédure, c’est ce qui m’a plongée dans la dépression. » Jeanne* a la voix qui tremble lorsqu’elle évoque son viol, qui remonte à 2019. « On a essayé de me convaincre que c’était dans ma tête, car mon agresseur était un bon gars. Sans compter les rumeurs qui circulaient sur moi… » Même si la jeune femme, confie cette juriste de formation, a « pris du recul » aujourd’hui et dit « aller mieux », le traumatisme reste bien présent.
Elle avait 29 ans lorsque, selon son témoignage, elle aurait été agressée sexuellement par Adrien P., un rappeur et compositeur toulousain, membre du groupe de blues hip‐hop Scarecrow, réputé dans les années 2010. Loin d’être un parfait inconnu pour Jeanne, le chanteur « était le meilleur ami de l’homme avec lequel je sortais depuis une semaine au moment des faits ».
Éloigné de la scène musicale (et de Toulouse) après avoir enchaîné 500 concerts et des tournées internationales jusqu’en 2017 avec Scarecrow puis d’autres projets solo ou avec d’autres formations, Adrien P. n’a pas donné suite aux sollicitations de Mediacités. Il est présumé innocent des faits dont il est accusé.
Une soirée de crémaillère
Le 30 novembre 2019, Jeanne* participe à une soirée de crémaillère réunissant une cinquantaine de personnes, à Ondes, près de Toulouse. À cette fête, son nouveau petit ami mixe, en alternance avec deux autres jeunes hommes, dont Adrien P. Elle ne connaît presque personne, mais elle fait la connaissance de plusieurs convives ce soir‐là, dont son futur agresseur présumé. Elle se souvient avoir bu quelques verres en sa compagnie, mais jamais seule avec lui. « J’ai été bourrée plus vite que prévu, on m’a couchée », résume‐t‐elle.
Jeanne* raconte avoir été réveillée au petit matin par une pénétration vaginale. « Il devait être 8 heures, on était dans le noir, mais il faisait jour dehors et j’ai senti quelqu’un dans mon dos. J’ai cru que mon compagnon m’avait rejoint. Un peu gênée de faire l’amour là, en présence d’autres personnes dans la pièce, j’ai dit : « Viens, on rentre à la maison ». Il a répondu « on s’en fout ». J’ai dit non et quand je me suis retournée, j’ai vu que ce n’était pas mon compagnon », raconte la jeune femme.
La suite fait froid dans le dos. « Je me suis levée, j’ai pleuré, et cela a réveillé les filles qui dormaient à côté. J’étais nue. Je lui ai dit trois ou …