Si Pierre‐Louis Taillandier a incité ses salariés à frauder l’assurance maladie, c’est peut‐être parce qu’il avait l’habitude de baguenauder aux limites de l’illégalité. Durant l’année 2020, trente‐six salariés de l’agence d’architecture et d’urbanisme Taillandier Architectes Associés (TAA) ont bénéficié du dispositif de chômage partiel, permettant à l’entreprise de faire porter par l’État une partie de leurs salaires. Problème : certains d’entre‐eux auraient été déclarés en activité partielle tout en continuant à travailler à temps plein. En d’autres termes, l’État aurait payé leur travail à la place de leur patron.
« Fortes suspicions » de fraude
Sollicitée par plusieurs salariés, l’inspection du travail a lancé une enquête sur le sujet au printemps 2020. Mediacités a pu en consulter les conclusions. Dans leur procès‐verbal du 29 juillet 2021, les deux inspecteurs Mathilde Cholet et Renaud Simonet observent que l’agence TAA a déclaré et obtenu le paiement automatique par l’État de plus de 26 000 euros au titre du dispositif, mais qu’elle « n’a jamais été en mesure de justifier de la réalité de ces temps travaillés et chômés ».
D’ailleurs, TAA n’aurait même pas pris la peine de remplir la répartition des heures chômées et des heures travaillées sur la plateforme de l’administration permettant de demander le versement de l’aide publique.
Les deux inspecteurs concluent à « de fortes présomptions » de fraude au dispositif d’aide publique. En revanche …