Février 2019. La Chine fête le Nouvel An lunaire. Les employés d’Airbus aussi. Cette année‐là, ils accueillent un invité de marque : Guillaume Faury, président de la branche commerciale de l’avionneur européen, que le conseil d’administration a choisi pour succéder à Tom Enders à la tête du groupe en avril 2019. Lors de cette célébration, la tradition veut que les hauts cadres d’Airbus Chine réalisent une « performance artistique » devant les salariés. « On devait faire une démonstration de kung‐fu apprise en deux heures. Tout le monde rigolait pendant la répétition, sauf Faury qui a révisé les gestes extrêmement sérieusement », raconte un participant.
Après la cérémonie, le futur patron demande le coût de l’évènement. La dépense somptuaire – plusieurs dizaines de milliers d’euros – lui paraît superflue. La ligne budgétaire afférente est aussitôt supprimée. « Il n’a pas aimé porter un costume d’empereur sur scène », note encore, amusée, notre source. L’anecdote en dit long sur la personnalité du grand patron d’Airbus, aussi loué pour sa gestion « brillantissime » que décrié pour une certaine froideur.
Après quatre années sans partage à la tête de l’avionneur européen et de sa branche commerciale, Mediacités a voulu dresser le portrait d’un des personnages les plus influents de l’aéronautique. Pour comprendre les changements opérés au sein d’Airbus depuis son arrivée, nous avons interrogé hauts cadres et représentants du personnel. D’apparence anodine, la question est si sensible que la plupart de nos interlocuteurs ont refusé de s’exprimer à visage découvert (lire l’encadré En Coulisses ci‐après). Mais une chose est certaine, les avis divergent sur la personnalité et le style du polytechnicien français.
Une personnalité controversée
« Il a une aura extraordinaire, celle d’un gars brillant qui prend des risques. C’est lié à son début de carrière chez Airbus Helicopters », estime un ancien haut responsable du service achats. Fan de son ancien PDG « super‐exigeant » et « méthodique », cet ex‐Airbusien apprécie un Guillaume Faury moins dans « l’ego » que ses prédécesseurs. « Il a un côté adolescent très poli, doux », développe cet ancien …