Soixante‐dix ans de lutte contre la pollution au plomb dans le nord de Toulouse

Dans le quartier Barrière de Paris, les riverains se mobilisent depuis les années 1950 contre l'usine de traitement chimique des métaux (STCM) et ses rejets de plomb. Longtemps sous-estimée par les autorités, cette pollution est aujourd'hui reconnue, sans que cela ne change les projets de densification urbaine en cours.

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L'ancien site de la STCM a été détruit, mais les concentrations de plomb restent élevées dans les sols du quartier. / Crédit photo Gael Cérez - Mediacités

Soixante‐huit ans, c’est le nombre d’années que Rose‐Marie Bernard a dû attendre pour confirmer ce qu’elle a craint pendant toute sa vie : les sols de son quartier sont pollués au plomb. La preuve irréfutable a été rendue publique en octobre 2022 par la préfecture, deux ans après la fermeture de la Société de Traitement Chimique des Métaux (STCM).

Selon les prélèvements demandés, par arrêté, le 19 avril 2016 et finalement réalisés en 2021 par l’entreprise, les analyses révèlent par endroit des concentrations supérieures à la limite tolérée de 300 milligrammes de plomb par kilogramme de terre (mg/kg) autour de la zone industrielle de Fondeyre. Le long du canal latéral, les taux montent jusqu’à 1870 mg/kg.

En réaction, l’Agence Régionale de Santé d’Occitanie (ARS) a mis en place un périmètre de surveillance sanitaire et a invité les 12 000 habitants du quartier à réaliser une plombémie. À ce jour, près de 200 ont vérifié leur taux de plomb dans le sang. L’ensemble des résultats n’est pas connu, mais au moins une femme enceinte présente un taux supérieur au seuil critique de 50 microgrammes de plomb par litre de sang (µg/L), comme Mediacités l’a déjà révélé.
Une pétition contre la STCM dans les années 50
Rose‐Marie Bernard, elle aussi, est déterminée à passer un examen sanguin. Cette octogénaire vit dans une petite maison de la rue Bastiat, où elle est née en 1943. Elle a huit ans quand la STCM entre dans sa vie. Cette année là, un voisin fait le tour du quartier pour faire signer une pétition contre l’installation de l’usine de recyclage de batteries.

« Je m’en souviens parce que je ne savais pas ce qu’était une pétition », raconte Rose‐Marie, dont les parents s’opposent, eux aussi, à l’implantation industrielle à quelques centaines de mètres de chez eux. En vain. L’intérêt économique l’emporte sur les appréhensions locales. L’usine chimique démarre son activité à Toulouse en 1952.

Les habitants du quartier ont pourtant bien conscience des risques. « On savait bien que faire fondre des batteries, ça ne pouvait pas être comme des fours à pain. On s’est très vite rendu compte que c’était infect », se souvient l’institutrice à la retraite.

Depuis son jardin, Rose‐Marie pointe du doigt l’endroit où les cheminées se hissaient dans le ciel. Jusqu’en 2011, elles …

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Par Mathilde Serré

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