Un vent de démocratie locale souffle en France, en Espagne, comme en Croatie, Argentine, États‐Unis mais aussi en Serbie, à Hong‐Kong, au Rojava et bien ailleurs dans le monde. Les mobilisations sociales ne se contentent plus de vouloir améliorer nos conditions de vie en faisant pression à l’échelle internationale ou sur les Etats. D’Occupy Wall Street aux Indignados en passant par les Printemps arabes, de Nuit Debout à la mobilisation des Gilets Jaunes, des mouvements féministes à la crise des réfugiés, les luttes citoyennes de la dernière décennie s’ancrent désormais au plus près des lieux de vie des populations.
Disparition progressive des services publics de base, scandales sanitaires, inégalités exponentielles, spéculation immobilière, gentrification, pollution de l’air, crise des déchets, délits de solidarité, discriminations, corruption, pénurie d’eau, etc : toutes ces crises de natures pourtant différentes font le quotidien des villes et des villages du monde entier. En l’absence de véritable régulation politique et sous l’effet d’un éloignement toujours plus grand des centres de décision vis‐à‐vis des citoyens, ce sont les municipalités qui deviennent le lieu d’une réponse politique. Une résilience sociale, écologique et démocratique peut être inventée et mise en œuvre par les institutions locales… Et ce y compris dans des contextes nationalistes ou dirigistes, comme le récent « printemps des Balkans » peut en témoigner.
De l’importance d’agir au niveau local
Ces dernières semaines en France, plus de cinquante mairies rejointes par les départements du Val‐de‐Marne et de Seine‐Saint‐Denis ont signé un arrêté anti‐pesticides, tous bords politiques confondus et dans toutes les régions. Celles‐ci rappellent que l’échelle locale peut être une force de changement face à des sphères de décision et des États déconnectés des besoins et réalités du terrain.
La défiance actuelle met à mal la représentation politique traditionnelle, au même moment où surgissent de façon inégalée des urgences sociale, environnementale et économique auxquelles nous devons répondre maintenant et collectivement. Cette mise à l’épreuve est également démocratique, et engager un renouveau politique semble davantage possible aujourd’hui à l’échelle locale. Elle est d’ailleurs préconisée pour adopter 70% des solutions pour lutter contre le dérèglement climatique. Loin de la résignation ambiante, une force créatrice et émancipatrice émerge depuis les territoires, rappelant que la démocratie est une affaire de proximité.
Partout dans le monde, dans des contextes institutionnels très divers, des habitant.e.s ont décidé de reprendre la main sur leurs vies et leurs communes. Cet engagement s’exprime d’ores et déjà depuis les mairies rebelles d’Espagne, les villes sanctuaires, les villes refuges, le réseau des villes sans peur (Fearless Cities), etc. À chaque fois, il s’agit de personnes qui ont décidé de faire vivre la démocratie sur leur territoire par leur militantisme associatif, par leurs solidarités, par la préservation de communs, par des assemblées locales et, pour certains, par le biais des élections municipales.
Nous parlons ici de Barcelone, Saillans ou Zagreb, de Valencia, Trémargat ou Naples, de Valparaíso à Hong Kong en passant par le Rojava. Nous parlons d’une autre approche du politique. Une approche théorisée par Murray Bookchin, liant écologie sociale et refondation démocratique, celle du municipalisme libertaire. Au‐delà de la théorie, qui a pu inspirer en partie certaines de ces expériences, le municipalisme c’est surtout cette diversité d’initiatives portées par des habitant‐e‑s qui montrent qu’il est possible de faire autrement !
Municipalisme & droit à la ville, 4 leviers :
➡️Radicalité politique
➡️Féminisation du politique, remise en cause du patriarcat
➡️Transition écologique, relocalisation de l’économie
➡️Action publique au prisme des droits humains universels#elu.es #du #futur @MFricaudet— Isabelle Chenevez (@IChenevez) September 18, 2019
Les élections municipales en 2020 en France et les enjeux qui nous lient collectivement du local au global, rendent propices la diffusion de ces expériences, pour nous questionner, nous inspirer et nous dire : « Oui, c’est possible ! » Oui, nous pouvons choisir l’espérance en nous appuyant sur l’exigence démocratique et en ouvrant un autre horizon. Il est temps de poser une éthique politique, de féminiser la politique, de promouvoir l’intelligence collective en s’appuyant davantage sur les outils de gouvernance partagée, de prendre soin des processus autant que des résultats… bref, de « radicaliser la démocratie et démocratiser la République » !
Ouvrir les portes de nos mairies
Ces éléments sont le cœur d’un processus de transformation sociale et politique qui nous engagent à faire vivre le « jardin démocratique » de nos sociétés pour mieux vivre l’action publique dans nos municipalités. Cela repose sur une émancipation individuelle, en redonnant du pouvoir d’agir aux habitant‐e‑s. Une émancipation collective semble également nécessaire, en mettant autour de la table la diversité des parties prenantes capables d’œuvrer dans le sens d’un intérêt général à réaffirmer. Cette émancipation, enfin, est institutionnelle en créant de nouvelles formes d’organisation démocratique et d’administration pour gérer en commun.
C’est pour répondre à ces défis que nous avons mis en ligne le MOOC « La Commune est à nous ! », un enseignement gratuit sur les multiples expressions du municipalisme et de la radicalité démocratique en France, en Europe et ailleurs dans le monde. Notre ambition est de donner à voir toutes ces expériences, les faire connaître, vous partager cette richesse, vous raconter cette diversité et aussi transmettre des outils qui les ont accompagnées.
Qui d’autre que nous pour reprendre le pouvoir sur nos vies et le partager ? Près de 17 000 maires envisagent de ne pas se représenter en France en mars 2020. Soyons nombreuses et nombreux à nous engager lors des prochaines municipales pour ouvrir les portes de nos mairies et construire ensemble un futur désirable !
Qui est à l’origine de ce MOOC ?
Depuis 2000, le Mouvement Utopia tente d’élaborer un projet de société « solidaire, écologiquement soutenable et convivial. » Cette association d’éducation populaire établit, pour ce faire, des ponts entre la société civile, les mondes politique, académique, culturel et les citoyen·ne·s engagé·e·s. Il s’est récemment allié à Commonspolis pour bâtir « La commune est à nous », cet enseignement en ligne sur le municipalisme. Créée en 2018 afin d’encourager l’émancipation et la participation citoyenne, cette association hispano‐française s’est donnée pour mission de renforcer les initiatives construisant des alternatives à la crise systémique autour des notions de diversité, de radicalité démocratique, ainsi que du respect des droits de l´homme et de la nature.
J’ai lu en diagonale car je manque de temps… Je ne sais pas si ce mouvement va être bénéfique car pour ma part je me désespère du niveau de réflexion et d intelligence de plus en plus bas des électeurs qui se laissent prendre par des politiques calculateurs et profiteurs qui surfent sur les divisions qu ils créent et entretiennent. Désolé pour ce 1er jet négatif. A bientôt