L’ouest de Toulouse est désormais survolé nuit et jour. Que devient donc celle qui s’enorgueillissait des héros de l’Aéropostale, de leurs frêles avions qui accomplissaient exploit sur exploit, celle qui, émerveillée, rêvait d’avenir et de paix en regardant passer les premiers Concorde. Ô mon païs, ô Toulouse, les avions ne nous font plus rêver. A Toulouse, les avions sont aujourd’hui des sources de nuisances : vapeurs de kérosène, vols low cost de plus en plus bas de gamme et vacarme au dessus d’une population, à laquelle on intime de se taire. Le pire ? Elle se tait la plupart du temps. On ne dénigre pas la mère nourricière : les toulousains ont tous un proche, un ami, un voisin qui travaille chez Airbus ou un de ses sous‐traitants. Ils peuvent difficilement dire que la gangrène aéroportuaire s’étend sur la ville, que nos vieux quartiers n’en peuvent plus du boucan infernal des avions.
De grands malins ont vendu la moitié de notre aéroport à un consortium chinois. Depuis, c’est la marche forcée : + 14, 5 % de trafic aérien en 2017, + 5 % par an à partir de 2018, avec un objectif de 50% de vols low cost. La capacité maximale de 12 millions de passagers sera dépassée.
L’aéroport Toulouse‐Blagnac bat des records… et reverse 13,8 millions d’euros à ses actionnaires https://t.co/bm87MM6IQ2
— Actu Toulouse (@actutoulouse) May 30, 2018
Nous ne voulons ni de vols low cost, ni de cette marée de nouveaux touristes annoncés. Nos santés et notre qualité de vie ne doivent plus être sacrifiées : ni pour leur divertissement, ni pour des dividendes versés à des actionnaires mal élevés. 5 % d’augmentation du trafic par an, c’est pure folie.
Voilà ce que signifient les projets de Philippe Crebassa, le nouveau président du directoire de l’aéroport : des nuisances sonores intenables ; un cauchemar sans fin : prendre du repos chez nous n’est déjà plus possible ; notre intimité, nos vies de famille piétinées ; une catastrophe en matière de santé : épuisement, dépression, hypertension, AVC, infarctus, cancers, etc ; et un immobilier dont la valeur est en chute libre.
Nous payons cher d’héberger à la fois un trafic commercial exponentiel et le fleuron de l’aéronautique européenne. Toulouse n’en est plus que la vitrine sale et délabrée. Le bruit, la pollution y gagnent chaque jour du terrain. Seul le centre est protégé, on y chasse les voitures pour donner l’illusion d’une ville saine et riante. Ça ne peut plus durer. Ce centre n’est pas le cœur battant de Toulouse, il n’en est que la vitrine factice. Les gens vivent ailleurs.
Dans les quartiers de Purpan, de Saint‐Cyprien, nous mesurons l’ampleur des dégâts. Où que l’on aille, le raffut aérien règne, c’est l’overdose de décibels. Outre les habitants, ce sont les écoles, le CHU Purpan, les cliniques avoisinantes, ainsi que leurs personnels et les patients hospitalisés, qui n’ont plus de repos. On ne peut même plus mourir en paix à Toulouse. L’impression est que ça importe peu, puisque ça se passe hors centre. Nous avons aussi le bruit des nécessaires ambulances et hélicoptères de l’hôpital. C’est beaucoup, c’est trop. Nous sommes épuisés, en colère, ce n’est plus tenable. Nous n’accepterons pas d’être les dommages collatéraux de l’expansion ubuesque d’un aéroport qui a perdu la boussole.
Que font les autres actionnaires : Ville de Toulouse, Conseil départemental, Conseil régional et Chambre de commerce ? D’un coup de novlangue éhontée, l’aéroport ose réécrire notre histoire : « L’investissement à Toulouse fait partie de la stratégie de la route de la soie qui s’inscrit dans le très long terme », pour Philippe Crebassa ! Depuis quand notre belle ville d’Occitanie est‐elle la route de la soie ? Toulouse est la ville du Pastel. Pour ceux qui subissent les nuisances aériennes, c’est la robe de bure, pas la soie. Le seuil de ce qui est tolérable est déjà dépassé. L’omerta qu’on nous impose en commissions de quartier a vécu. Le « On n’y est pour rien, c’est pas nous, c’est eux », aussi. Les élus doivent prendre le problème à bras le corps : le bruit tue, c’est un problème de santé publique. Des réunions doivent y être consacrées, ils doivent se battre à nos côtés. Tous.
Le trafic aérien contribue à aggraver le dérèglement climatique, le dernier rapport du GIEC le confirme à nouveau. Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé paru cette semaine alerte sur les effets gravement délétères du bruit. Les acteurs de la construction aéronautique doivent s’illustrer d’urgence à Toulouse par une gestion exemplaire des nuisances qu’elle crée et non en laisser donner cette image lamentable. Un minuscule compte Twitter dénonçant les nuisances aériennes a reçu illico un courrier des avocats de l’aéroport. Ils exigeaient sa fermeture. C’est alarmant. C’est aussi de bon augure : les mots gênent, ils ont du poids, ce sont nos armes. Faisons boule de neige et racontons nos vies sans le laisser conter ses fables mortifères.
L’aéroport de Toulouse‐Blagnac exige la fermeture du compte Twitter d’une riveraine sur les nuisances aériennes https://t.co/WJlvVVi6Va @aeroport_tls @Airport_Tlse #toulouse pic.twitter.com/I5xHGOoZsp
— France 3 Midi‐Py (@France3MidiPy) September 27, 2018
Toulouse est vaste et peu dense, pourquoi aller habiter en dessous du couloir aérien ?
L’aéroport est utile aux Toulousains, qui n’ont pas de vrai TGV pour se rendre sur Paris notamment. Pour voyager low cost effectivement, et aussi pour le développement de l’activité économique de cette ville (aérospatiale mais pas seulement).
On ne peut pas laisser Toulouse sans infrastructure de transport efficace
Nous avons acheté dans une zone qui n’était pas concernée par ce bruit (Patte d’oie). Et depuis quelque temps, il arrive d’être réveillés par le bruit des avions.
Cela va t‑il durer encore longtemps le « belouga » qui passe au ras des toits de nos maisons ?
» C’EST ASSEZ »